Scénarios arborescents
Arborescence du scénario 7353

L’arche de Sélène

Silence. Partout le silence pesait sur les individus, rassemblés par millions dans les rues sans lumières de Paris.
Fixe, la foule attendait, le nez levé sur le coin de ciel que laissaient accessible les immeubles. La pénombre était tombée, l'électricité avait été coupée, partout. La Lune bleuté jouait avec l'ombre de la tour Eiffel en face, à gauche avec quelques reflets lointains de la tour Montparnasse. A droite on percevait, infime, la blancheur du Sacré Cœur. Certains pleuraient en silence, d'autres avait une bouteille de champagne à la main, mollement tenue, pour une fête improbable, une occasion définitive… [...]

Quelques pas devant, des visages, des vies, des aspirations, des histoires, des bonheurs, des heurs aux bulles de vies, des bulles aux heures d'apogées apposées sur le recoin des immeubles, au carrefour des destinées, devant des feux rouges muets.
On était à H – 10 secondes.

H – 5 secondes.
Illan regardait la Terre. Sa Terre. Dans les hublots, les dômes, on voyait des visages, par millier, regarder une dernière fois cette boule décroché de l'espace qui formait l'ensemble de leur existence passée. Il fallait partir. La sélection a été rude. On en a vomi de douleur, plié de pitié, joncher les couloir d'épuisement, en traversant tous les doutes possibles humains. Sonia aurait par moment voulue être une blatte, inexistante, ou tellement idiote. Aujourd'hui elle n'admirerait même pas le ciel, mais irai nourrir ses brebis, « faire le lait » pour rien, pour comme tous les jours… C'était tellement bon de rien savoir. Tellement bon de faire des choses en toutes innocence ! Le graviton la reliait artificiellement à cette terre, cette lune si tant regardée autrefois. Quelque part, elle savait que sa mère la regardait, sa Jeanne rêveuse, ainsi que son père decédé depuis quelques mois aussi, quelques part souriant sur cette boule bleue et blanche.
Les haut parleurs indiquaient le nominal. Dans quelques secondes, les 325 millions de moteurs à plasma allaient êtres allumés, et ça serait la disjonction entre le fil de vie et l'espoir futur. La bouée de sauvetage, l'ultime décision planétaire, la survie des espèces terriennes. Sonia regardait le vide de l'espace, la terra-formation lunaire inachevée, et contenant ses larmes, l'étroitesse qu'elle sentait autour d'elle et qui formerait son quotidien. Le travail ne manquait pas ! Saurait-elle s'y perdre comme les autres ? Saurait-elle oublier, vivante parmis les quelques chanceux de cette arche improbable ?

H – 3 secondes.
Le présentateur parlait doucement, doucement comme à soit-même, comme en catimini avec l'auditeur de la radio. Il disait : 5700 personnes, 300 milles espèces vivantes animales, 200 milles espèces végétales, 50 milles tubes de terre provenant des continents s'apprêtent à faire un bon galactique et hors du système solaire, pour échapper à un bombardement de rayon gamma issue de Proxima, une étoile amie pourtant, mais ayant exploser.
Nous avons eut seulement 5 ans pour préparer un départ, le départ humain, et nous avons pris la Lune comme vaisseau spatial. Notre nouvelle terre. Nos programmes de diversions, en nous cachant derrière Mercure ou Mars ont échoués, les moteurs ne pouvant être efficaces suites à des pannes successives et des sabotages, du aux infiltrations religieuses et sectaires dans les divers domaines technologies de sauvegarde.

H – 2 secondes
Dans les rues, devant les postes de télévisions, de New York à Bamako, de Pékin à Perth, attente.

H – une seconde… la dernière d'un monde.
Nominal. La Lune, s'éclaira d'une nuée intense, devint rougeoyante. Imperceptiblement d'abord, elle s'éloigna. Puis plus rapidement, devient de plus en plus petite. Sur terre on ressenti un effet d'apesanteur, un Legé tremblement sous les pieds. Ailleurs, Tzunamis, volcans en éruptions commençait la longue agonie d'une utopie génétique.
La Lune est partie, emportant l'espoir de survie dans un autre système solaire.
Jeanne senti un léger picotement sur la peau. Les rayons gamma déjà, commençaient à bombarder la planète terre esseulée. Les foules agglutinées dans les rues n'eurent pas le temps de réagir, de se cacher. A quoi bon d'ailleurs les rayons de la mort pénétrait toutes choses sur plusieurs centaines de kilomètres de profondeur… Tout ce qui était vivant fut consumé en quelques secondes. Ne restait en lieu et place des foules, que de la poussière charriés par le vent, entre les bâtiments d'une civilisation désormais éteinte.
La Lune passait avec succès l'orbite de Pluton. Désormais, elle avançait avec son lot d'extra- terrestres à toute allure vers l'inconnu.

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Créé par karquen le 11/12/2007 | Evaluer ce scenario
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L'arche de Sélène (2)

Cela faisait plusieurs semaines que la Lune avait quitté sa vieille Terre aujourd'hui nue de vie comme au premier jour. L'humeur, parmi les 5700 nouveaux "luniens" était au deuil. Le deuil de la vie passée, irrécupérable. Le deuil de la famille ou des amis perdus parce que non-sélectionnés. Le deuil de sa maison, sa ville, ses embouteillage, sa pollution. Tout créait un sentiment de manque. Autant le bon que le mauvais. Tout ce que l'on a tant critiqué manquait aujourd'hui.

Illan s'était déjà mis au travail, comme tous les autres. Il était styliste. Mais dans sa vie de lunien, il lui fallait agrandir son champ de compétences. Autrefois, il accompagnait le directeur des achats de la maison pour laquelle il créait pour choisir les tissus et matériaux à prendre pour les collections futurs. Maintenant, il lui fallait être lui-même l'artisan confectionneur. Il devait fabriquer sa propre matière première. Pour cela, il avait étudié depuis sa sélection pour le programme de sauvetage, il y avait presque deux ans. Au milieu de la cité, se trouvait un bureau, comme une mairie, qui répertoriait les 5700 habitants choisis par noms, âge, profession... C'est cette catégorie qui intéressait Illan. Il devait trouver des paysans-éleveurs afin de produire son coton, sa laine, son cuir, son lin.
Il y en avait un peu partout dans la cité lunaire. Les habitations et les corps de métiers avaient été répartis de façon relativement homogène pour éviter les ghettos. A côté de cela, il avait déjà commencé à coudre des vêtements car un stock de départ avait été prévu. Il partageait alors son temps entre son atelier et ses recherches de partenaires. Pour le moment, il ne pouvait qu'établir quelques contacts parce que les plantes n'étaient pas encore à maturité pour être transformées et les animaux embarqués étaient trop jeunes pour l'instant. Mais cela ne dérangeait pas pour autant Illan. Il en profitait pour se promener dans la cité.
Il visitait l'immensité conçue par d'autres pour ce périple et parlait beaucoup avec tous. Chacun servait de psychologue pour son voisin. Il y avait tant de déprimes, de crises d'angoisse, de pleurs, de cris...
Certains voulaient rentrer chez eux, sur Terre. Tout en sachant au fond d'eux que ce n'était pas possible, et qu'ils ne retrouveraient jamais ce qu'ils avaient dû laisser.

La Lune était loin de toute lumière naturelle maintenant. Sortie du système solaire, il n'y avait plus d'étoile proche pour éclairer. Sauf ces deux points brillants qui se distinguaient des autres : le Soleil, on était encore sur son territoire, et la supernova de Proxima du Centaure derrière qui, tel un phare, rappelait tout le temps où en étaient les luniens. "Où" localement, mais également "où" historiquement.
Par contre, l'actualité spatiale à ce moment était la traversée du nuage d'Oort. Jusque là, tout s'était bien déroulé. Seulement un tout petit astéroïde n'avait pu être évité et avait percuté la Lune. Mais heureusement sur une partie non-habitée.
Oui, "évité" car il y avait des "pilotes" pour cet étrange vaisseau. Dans un q.g. souterrain, une équipe calculait en permanence les risques de collision et la direction de déplacement. Lorsqu'un objet extérieur s'approchait dangereusement, on rallumait certains moteurs pour modifier le cap. Il y en avait tout le tour de ce petit globe, des moteurs. La traversée du nuage d'Oort devait durer environ deux mois encore. On avait conservé des horloges au rythme terrien pour définir les heures et les jours.

Sélène quittait, ce jour, sa cabine de pilotage éreintée par l’ampleur de la mission. Elle regagnait alors son appartement dans le sixième sous-sol. C’était un petit appartement basique avec juste ce qu’il faut pour vivre. On n’avait pas eu le temps de prévoir le superflu. Le sommeil, lui, vint vite.
A son réveil, comme à chaque réveil, elle montait au rez-de-chaussée sous la bulle pour contempler l’espace et regarder en direction de la Terre. Elle y pensait tout le temps, comme chacun. De si loin, elle ne voyait plus la planète depuis longtemps. Un autre spectacle s’offrait à elle. Le rayonnement démesuré de Proxima à côté de celui du Soleil. Comme à chaque fois, elle repensait à l’aventure lunaire depuis son début. Les astronomes qui avaient observé les changements qui se produisaient au sein de notre étoile voisine. Les astrophysiciens qui avaient annoncé la sentence. Les premiers centres d’études spatiales qui avaient fait le projet fou de quitter la planète. Et devant l’inévitable, les gouvernements qui se battaient encore. Encore et toujours, pour être LE pays du projet, LE pays investisseur, LE pays sélectionneur, mais aussi LE pays emmerdeur et destructeur.
Sélène reprit le chemin des étages inférieurs pour aller grignoter un peu avant de reprendre en main l’équipe de scientifique à qui on avait déposé le devenir de la Lune entre les mains.

La plupart des installations étaient enterrées pour une meilleure protection physique contre d’éventuelles collisions et thermique puisqu’il fallait énormément chauffer l’ensemble de la cité si on ne voulait pas finir congeler. La température avait été un vrai casse-tête dans la conception de la ville lunaire. Les différentes pièces de chaque niveau étaient souvent concentrées autour d’un hall central d’où sortait la climatisation. Quant aux étages, ils étaient reliés entre eux par des escaliers et ascenseurs au bout de couloirs, loin des halls afin d’éviter que la chaleur n’emprunte ses passages pour monter seulement.

Sonia avait conservé, elle aussi, le temps terrien pour s’occuper de ses animaux. Ce n’était pas obligatoire puisqu’il n’y avait plus de jour et uniquement une longue, longue, très longue nuit. Mais c’était bien pratique d’avoir un repère temporel identique avec les autres luniens. Elle devait encore commencer son travail par nettoyer les boxes de ses bêtes puis par nourrir ces dernières. Lors de sa sélection, elle avait hérité des ovinés qu’elle connaissait bien. Elle poursuivait son labeur en trayant les brebis et les chèvres. Sa mission l’amenée à en faire des usages multiples : du lait buvable sans s’étrangler à des fromages variés qu’elle réinventait tous les jours.
Ce jour-là, elle reçu un jeune homme qui voulait lui récupérer la laine des moutons. Il voulait en faire du tissu. Il avait plusieurs personnes à rencontrer encore mais se proposait pour venir lui donner un coup de main à la tonte puisque lui-même n’avait presque plus de matériau à travailler….

A poursuivre

Créé par Laul le 08/01/2008 | Evaluer ce scenario
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