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L'arche
de Sélène
Silence. Partout le
silence pesait sur les individus, rassemblés par
millions dans les rues sans lumières de Paris.
Fixe, la foule attendait, le nez levé sur le coin de
ciel que laissaient accessible les immeubles. La
pénombre était tombée,
l'électricité avait été
coupée, partout. La Lune bleuté jouait avec
l'ombre de la tour Eiffel en face, à gauche avec
quelques reflets lointains de la tour Montparnasse. A droite
on percevait, infime, la blancheur du Sacré
Cur. Certains pleuraient en silence, d'autres avait
une bouteille de champagne à la main, mollement
tenue, pour une fête improbable, une occasion
définitive
Jeanne, la boulangère
Bretonne, qui s'était installée 15 rue Rodier
depuis 15 ans, voyait dans les chiffres une mystique
personnelle. Elle se tenait devant sa « boutique orange
», parmis tant d'autres, ne pouvant s'empêcher
d'admirer la lune, et de pleurer, sentiment
mêlé d'impuissance et de rêve. Elle
revoyait sa vie d'enfance, les promenades sur les falaises
de Lochmaria à Belle-île, sa mère
servant les crêpes et le kir royal dans le petit
restaurant
elle revoyait ces heures où son
père l'emmenait pêcher des palourdes, la petite
griffe de plastique entre ses petites mains de 10 ans, puis
les partie de cache-cache entre les menhirs de Carnac, les
premières « boum » et les premiers flirts
à Quiberon, son apprentissage de vendeuse à
Rennes, son mariage dans les années 80 avec Yves
boulanger à Auray, la mort de ses parents, puis
l'achat à Paris de la boulangerie pour se mettre
à son compte. Un beau chemin parcouru. Elle
regrettait souvent la Bretagne, le changement année
après année du 9 ème arrondissement,
voyant disparaître ses couches populaires pour des
« affairistes » rivés à leurs
téléphone portable même devant la
caisse. Les bonjours étaient devenus automatiques,
les sourires oubliés, les client ne disaient plus
« si il vous plait » mais « un pain ! »
en crachant l'urgence du temps qu'ils n'avaient pas. Avant,
elle discutait un peu, avec chacun, aujourd'hui elle envoie
sa marchandise. Elle aurait pu envoyer la baguette
directement dans la figure des clients, rien n'aurai
changé, ils auraient ramasser, payer, et seraient
sorti de la boutique toujours le téléphone
portable rivé au cerveau. A coté d'elle,
Pierre, étudiant en lettres classiques et
modernes.
Il roulait ses cigarettes, décomptait le temps, par
intervalle de briquets allumés. La foule tout autour
de lui ne le gênait pas, au contraire, il aimait cette
solidarité, cette ambre cristallisant une
société unie face au plus grands
évènements. Bien qu'étonné de ne
pas voire de pugilats, de pillages, il tâtonnait du
regard pour comprendre dans le regard des autres ce brin
d'humanité qui reliait tous ces gens, pour une fois.
Le gros la bas suait dans la pénombre, acidité
de la sueur de la peur, l'autre ressemblant à une
clé USB en petite chemise et les yeux
écarquillé au ciel semblait rapetisser
à chaque minutes, la jolie damoiselle à 2
mètres dans les bras d'une bête informe
à tête de cheval &endash; il se demandait
pourquoi les femmes étaient attirées par leurs
contraires, ni y avait t'il pas une forme inverse et non
contraire ou complémentaire à l'amour ? il
posa les yeux sur Jeanne, la Boulangère. Il se
moquait de la voir pleurer, mais il était
éploré de la voir si droite. Elle n'entrait
dans aucun de ses concepts littéraires ; elle pouvait
être souillons à la cendrillon, spirale
infernale ou vestale, à la Tolstoï, ou à
la Baudelaire, elle n'était qu'elle même ce qui
dérangeait beaucoup ce futur écrivain.
Quelques pas devant, des visages, des vies, des aspirations,
des histoires, des bonheurs, des heurs aux bulles de vies,
des bulles aux heures d'apogées apposées sur
le recoin des immeubles, au carrefour des destinées,
devant des feux rouges muets.
On était à H &endash; 10 secondes.
H &endash; 5 secondes.
Illan regardait la Terre. Sa Terre. Dans les hublots, les
dômes, on voyait des visages, par millier, regarder
une dernière fois cette boule décroché
de l'espace qui formait l'ensemble de leur existence
passée. Il fallait partir. La sélection a
été rude. On en a vomi de douleur, plié
de pitié, joncher les couloir d'épuisement, en
traversant tous les doutes possibles humains. Sonia aurait
par moment voulue être une blatte, inexistante, ou
tellement idiote. Aujourd'hui elle n'admirerait même
pas le ciel, mais irai nourrir ses brebis, « faire le
lait » pour rien, pour comme tous les jours
C'était tellement bon de rien savoir. Tellement bon
de faire des choses en toutes innocence ! Le graviton la
reliait artificiellement à cette terre, cette lune si
tant regardée autrefois. Quelque part, elle savait
que sa mère la regardait, sa Jeanne rêveuse,
ainsi que son père decédé depuis
quelques mois aussi, quelques part souriant sur cette boule
bleue et blanche.
Les haut parleurs indiquaient le nominal. Dans quelques
secondes, les 325 millions de moteurs à plasma
allaient êtres allumés, et ça serait la
disjonction entre le fil de vie et l'espoir futur. La
bouée de sauvetage, l'ultime décision
planétaire, la survie des espèces terriennes.
Sonia regardait le vide de l'espace, la terra-formation
lunaire inachevée, et contenant ses larmes,
l'étroitesse qu'elle sentait autour d'elle et qui
formerait son quotidien. Le travail ne manquait pas !
Saurait-elle s'y perdre comme les autres ? Saurait-elle
oublier, vivante parmis les quelques chanceux de cette arche
improbable ?
H
&endash; 3 secondes.
Le présentateur parlait doucement, doucement comme
à soit-même, comme en catimini avec l'auditeur
de la radio. Il disait : 5700 personnes, 300 milles
espèces vivantes animales, 200 milles espèces
végétales, 50 milles tubes de terre provenant
des continents s'apprêtent à faire un bon
galactique et hors du système solaire, pour
échapper à un bombardement de rayon gamma
issue de Proxima, une étoile amie pourtant, mais
ayant exploser.
Nous avons eut seulement 5 ans pour préparer un
départ, le départ humain, et nous avons pris
la Lune comme vaisseau spatial. Notre nouvelle terre. Nos
programmes de diversions, en nous cachant derrière
Mercure ou Mars ont échoués, les moteurs ne
pouvant être efficaces suites à des pannes
successives et des sabotages, du aux infiltrations
religieuses et sectaires dans les divers domaines
technologies de sauvegarde.
H
&endash; 2 secondes
Dans les rues, devant les postes de
télévisions, de New York à Bamako, de
Pékin à Perth, attente.
H
&endash; une seconde
la dernière d'un
monde.
Nominal.
La Lune, s'éclaira d'une nuée intense, devint
rougeoyante. Imperceptiblement d'abord, elle
s'éloigna. Puis plus rapidement, devient de plus en
plus petite. Sur terre on ressenti un effet d'apesanteur, un
Legé tremblement sous les pieds. Ailleurs, Tzunamis,
volcans en éruptions commençait la longue
agonie d'une utopie génétique.
La
Lune est partie, emportant l'espoir de survie dans un autre
système solaire.
Jeanne
senti un léger picotement sur la peau. Les rayons
gamma déjà, commençaient à
bombarder la planète terre esseulée. Les
foules agglutinées dans les rues n'eurent pas le
temps de réagir, de se cacher. A quoi bon d'ailleurs
les rayons de la mort pénétrait toutes choses
sur plusieurs centaines de kilomètres de
profondeur
Tout ce qui était vivant fut
consumé en quelques secondes. Ne restait en lieu et
place des foules, que de la poussière charriés
par le vent, entre les bâtiments d'une civilisation
désormais éteinte.
La Lune passait avec succès l'orbite de Pluton.
Désormais, elle avançait avec son lot d'extra-
terrestres à toute allure vers l'inconnu.
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