| | | C’est en arrivant près de sa voiture que, soudain, une pensée l’assaille.
« Mon portable!»
Benoît sort de sa poche intérieure son GSM. L’affichage lui indique la présence du réseau des télécoms. Niveau comme d’habitude assez faible car représenté par un petit bâton, et dû à l’éloignement exagéré de son village avec une borne hertzienne. Mais présence d’ondes tout de même.
Ses mains tremblent tandis qu’il passe en revue les personnes de son carnet d’adresse, cherchant étrangement qui serait plus apte à l’aider dans pareille circonstance.
« Appel à un ami, putain ! » Son cerveau, bouillonnant d’idées incongrues, comme s’il s’était branché sur une autre chaîne, le fait penser à ce jeu où le candidat dispose de quatre jokers dont le coup de fil à un ami afin de répondre à des questions de plus en plus complexes pour gagner le maximum d’argent.
Puis se rend compte qu’une voix, n’importe laquelle, ferait l’affaire. Juste entendre une phrase, un mot, une syllabe et il serait sauvé. Il appuie sur Composer, au hasard de sa liste de noms enregistrée dans la puce de son téléphone et porte l’écouteur à son oreille avide. Une sonnerie. Deux sonneries. Interminables. Trois sonneries.
« Bon sang ! Allez ! » Quatre sonneries… Puis une voix, enfin ! Une voix féminine.
« Allô ? » Un Allô libérateur ! Puis un silence qui attend qu’on le comble.
Dieu soit loué ! Mais j’ai pas reconnu la voix…
-Oui, c’est… c’est Benoît ici ! C’est qui ? J’ai composé le numéro au hasard et je…
« Ah ah ! En fait, je vous ai eu ! Il n’y a personne pour le moment chez moi, mais vous pouvez laisser votre message après le BIP et je me ferais une joie de vous rappeler dès que je peux ! »
BIIIIP !… Un bip totalement déprimant, puis de nouveau ce silence qui assourdit le crâne prêt à exploser de Benoît, telle une cocotte-minute sous pression.
Il avait reconnu la voix de son amie Florence, dont le message enregistré sur son répondeur l’avait tant fait marrer jadis! A cet instant précis, il se demande bien pourquoi. Il trouve ce message d’une stupidité affligeante.
Finalement, au lieu de faire confiance au hasard, il va faire appel à un ami.
«Je vais appeler Georges. Mon ami d’enfance avec qui j’ai fait les quatre cent coups. Et c’est mon dernier mot, putain de merde ! »
Une sonnerie. Deux sonneries. Benoît sent qu’il transpire de plus en plus au fur et à mesure que son cœur s’emballe.
« Allez, Georges ! Réponds ! » Soudain, un déclic à l’autre bout du fil. Et le silence. Benoît ne s’entend pas crier.
-Allô, Georges? C’est Benoît, tu m’entends? »
Pas de réponse. Ou plutôt si. Comme un murmure inaudible.
« Des interférences ? Le souffle du vent ? Ou la voix de Georges trop lointaine ? A moins que j’ai basculé sur la messagerie, mais je connais le répondeur de Georges, c’est pas son message habituel! »
-Georges, est-ce que tu m’entends ? Je ne t’entends pas ! Si tu m’entends, rappelles-moi ! Allô ?
La communication se coupe. Benoît regarde, perplexe, l’écran de son portable et attend, fébrilement. Mais son téléphone reste muet.
Benoît ouvre la portière de sa voiture et s’assied au volant. Il se regarde dans le rétroviseur sans se reconnaître, ses yeux perdus dans un tourbillon d’incompréhension.
« Mais qu’est-ce qui m’arrive ? » Créé par Siddharta le 06/01/2008 | Evaluer ce scenario Ecrire une suite ou une alternative a ce scenario | Commentaires (1)
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