2 heures sans eau ?

Ce matin, une comète est apparue dans le ciel. Les astro-physiciens parlent d'une comète sans glace, sans matière connue. Elle brille au Sud-Est, à coté d'un quartier de lune, près du grand chêne; peut être doyen de ces congénères du Morvan.
Il est huit heures.
Ce matin, il n'y a pas d'eau au robinet. Pas d'eau dans la gamelle du chat. Pas d'eau dans le lac en face de chez moi…
L'eau a disparue !
Il n'y aura pas de café ce matin. Pas de jus d'orange non plus, pas de lait… le réfrigérateur ne contient aucun liquide, les bouteilles n'étaient pas ouvertes elles sont vides.
Tout les liquides semble s'être évaporés.
Je suis allé prendre de l'eau au puit. Le fond du puit n'a même pas une flaque. De mémoire de retraité je n'ai jamais vu ça dans mon puit !
J'ai couru clopin-clopant jusqu'à la cave, vérifier mes 60 bouteilles de vin millésimé. J'aurai du les boire avant… bouteilles fermées sans contenant ! Une tristesse infinie…

Je suis remonté chez moi et j'ai allumé le poste de radio. A 120 ans je préfère encore le poste phonique à Internet, mes doigts sont moins agiles pour sélectionner les informations.
Des messages d'alertes, des présentateurs connus qui demande de s'enfermer chez soi…

Sur toutes les stations FM, on s'interroge, on s'analyse l'analyse par les plus grands professeurs, on émet des hypothèses. On se nombrilise le fait pour être le premier à dire…
Là on recherche par divers moyens technologiques, on braque les antennes du VLA, on prépare une navette spatiale, on parle de pressurer les légumes pour alimenter des centrales à vapeur, mais que cette dite vapeur disparaît instantanément et sans que les légumes ne se dessèchent dans les jardins… bref ça cause et ça ne comprend rien à ce qui se passe.

Là on prie, on se flagelle contrit dans la repentance, on parle de punition, on se suicide en masse, (ça me rappelle mon enfance à C… où la pauvreté du ventre et de l'esprit engendre souvent toutes les folies du couard et non du cœur. Combien il est bon se rappel parfois, mémoire de souffrance, pour les simples choses… De savoir le prix de la vie, de sa propre survie, dans un endroit où un grain de riz est un jour, et un jour l'assurance de penser un monde meilleur).
Un café, un thé, le matin au réveil… c'est une chance de pouvoir jouir de ces senteurs et de ces arômes ! un simple café c'est l'Histoire et huit milliards de personnes qui vous éveillent à la collégialité !
Un café le matin c'est un respect pour tout ceux qui n'ont pas même une goutte d'eau.
Mais je suis vieux. Je radote. Je parle des années 2000 incapables de nourrir les gens et capables d'envoyer des sondes nanotechnologiques sur Europe, le satellite de Jupiter.

La radio déverse son flot de bla-bla…
Là encore, on parle de méchants OVNI, de transmutations dans les arcanes astrologiques, de mondes parallèles, de fluctuations de l'espace temps, de Big Crunch et de particules élémentaires… fin du monde programmée à cause des satellites ! elle est bien bonne celle là !
Il est vrai que dans les situations de crises il y a de quoi, malheureusement, se marrer face à la crédulité des individus.
Je suis monté au garage… la Dodoche ne démarre pas. Il n'y a pas d'essence, pas d'huile.
Plus de lave vitre.
Il est dix heures. Coupure de l'électricité. Plus de télévision, plus de radio, plus d'internet.
Je branche donc mon poste radio à piles acheté en 1980. Un Phillips, 8 bands non numériques, et 13 réceptions millimétriques… Ma fierté de gamin ! Sur les grandes ondes ne subsistent que quelques stations, en anglais et en Coréen. Le numérique à un peu tuer les radio-amateurs.

On parle de la disparition des mers, d'abysses colossaux dans l'océan, mais on s'étonne de ne pas trouver de poissons. Pas de morts autres que ceux dont l'épave des bateaux s'est fendu sur des rochers secs.
On parle de soulèvement de plaques tectonique du à la masse des mers, mais sans séismes.
On parle du remplacement de l'eau dans les centrale nucléaires par un possible gaz d'azote et de deutérium… que pour l'instant ça tient sans trop savoir pourquoi.
On parle de s'abriter car les centrales nucléaires vont exploser à force ne ne pas exploser…
Ironie. A mon age… on ne cherche pas à survivre, on meurt et puis c'est tout !

Sous les bombes déjà, à C… j'allais secourir les familles dans les immeubles écroulés. Ça claquait tout autour de moi, je n'avait peu à espérer du futur mais… c'était plus fort que moi.
Un obus est même tombé à 90 cm de mes pieds sans exploser… une chance ?
Les autres était plus important que ma petite personne. Et voilà… me voici très vieux. Plutôt une connerie de jeune que de l'héroïsme mais en sauvant les autres je me suis sauver moi-même… devant cet obus qui n'avait pas explosé, je savais que toutes choses avaient une trame d'avenir.

Il n'y a pas de jeunes à ma porte… Les temps changent. Mais au fond qu'importe, rien de grave ne peut arriver. Jamais. Et même… on ne le saurait sûrement pas vraiment.

Ça crachote encore dans le poste de radio.

Voilà… tout est redevenu normal dit le présentateur des infos. Reste une panique mondiale… des milliers de morts dit-il, rien qu'en France. Des foules qui se sont piétinées, des pillages, des suicides, des violences, des incendies…
En deux heures !
Je regarde par la fenêtre et la comète à disparu.
Deux petites heures d'incertitudes… et voilà le chaos sur notre pauvre humanité !

L'eau est revenue au robinet et dans la gamelle du chat.
Je descend aller me chercher une bouteille de vin à la cave… et je la boirai au nom de la Fraternité. Je la boirai aussi à moi… un obus de plus… je n'ai pas eut peur, juste un vague doute sur la survie des nouvelles générations…