EXPLORATEUR DU FUTUR:
BORIA

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DERNIERS JOURS D’HUMANITE.

-1-
Quatre petites chansons vendues durant l’hiver, quelques centaines d’euros par unité et cinq mois plus tard, ma femme et le nègre stéréo que je suis partions en vacances sur cette île située à l’ouest de Terra Cité. En mutation estivale, loin de notre terrier nos fourrures allaient tomber, en tout cas c’était la synthèse des promesses de tous les syndicats d’initiative de cette île dorée.
C’est un bout de terre qui s’enduit d’ambre solaire et le chœur de ses habitants fait battre les marchés aux épices. Aux heures les plus chaudes les vieux canons des anciennes citadelles sont chevauchés par des naïades désireuses d’immortaliser leurs formes sur polaroïd. Le vent plaque leurs robes sur leurs seins, elles sont la proue du vaisseau. Canons, qui à l’heure où les plages se vident, deviennent la proie des enfants. Dans une seconde jeunesse sous la rouille impeccable de leurs fûts, en rafales, leurs boulets coulent les voiliers pirates ennemis. Le soleil couchant plisse les yeux des enfants, ils sont les gardiens du navire.
Un apéritif plus tard, saoulés par le vent d’ouest, nous décidions de rentrer. Chemin faisant la circulation se raréfiait, l’autoradio souffla pour la première fois l’une des chansons qui ne m’appartenait plus. Peut être que tout avait déjà commencé ? Avec le recul la chose ne m’apparait pas comme tel, il faisait nuit et nous logions au point le plus inaccessible de l’île, une porte sur l’océan.

-2-
Le début du deuxième jour fut ponctué d’un réveil très matinal pour des touristes en manque de sommeil, d’un copieux petit déjeuner, de l’ouverture du sac pour sortir les sacro-saints maillots de leur longue hibernation. Mes tongs décidèrent de me faire un sale tour en jouant les filles de l’air:
-« Tu n’aurais pas vu mes chaussures des fois ? »
Formule qui a le don d’énerver ma femme.
-« Lesquelles ? »
-« Ben mes tongs, tiens ! »
Elle enchaina avec son grand classique en mimant mon expression et en reprenant le même ton benêt que j’avais employé:
-« T’as qu’à ouvrir tes yeux, tiens ! ».
Un « nianiania » qui heureusement ne resta que mental, me traversa. Je m’étais promis de ne pas gâcher nos vacances, enfin au moins sur le début.
Les femmes possèdent un sens de l’observation bien supérieur au mien. J’ai toujours l’impression qu’elles profitent de ce petit avantage pour m’écraser. Je rongeais mon frein.
Rats des villes, les vagues nous jouaient l’air d’Hamelin. L’impatience se cristallisait.
Enfin, elles étaient là, cachées sous le sofa !...
-« Merci ma chérie. »…

-3-
Le chemin pour la plage est des plus pittoresques, une petite venelle à droite en sortant, puis tout droit. J’ai toujours été émerveillé par ces sentiers enchevêtrés; pleins d’impasses où l’ultime jardinier terroriste aurait discrètement posé une bombe à fragmentation colorisée. Une lente explosion matricielle durant les mois du printemps. Les roses trémières pénétraient les grenadiers en fleur, les valérianes des jardins quittaient leur terre de prédilection pour partir à l’assaut des murs de pierres sèches. Les lézards couraient par légions, attirés par les insectes nécrocolō rem qui baisent les fleurs de bien belle manière. Les minotaures comme les maîtresses en maillot de bain n’effraient plus personne. Dans une violence silencieuse, universelle, la vie arpente ses chemins.
Enfin ! La toute belle était là, nous offrant l’écrin d’une plage tranquille. L’évidence veut que l’océan ait du goût. Les serviettes de plage s’étalèrent lentement. De façon presque sournoise, le soleil, profitant de ma condition de faible citadin me brulâ du côté droit.
La tête à l’ouest les pieds à l’aise.


-4-
En revenant de la mer le village me donnait l’impression d’avoir un sniper dans le clocher. Le marché était étrangement vide, de rares étals pouvaient cependant nous fournir le nécessaire pour la soirée. Dans la superette, à la droite du rayon charcuterie les claviers du point internet ne cliquetaient plus et à sa gauche la jolie métisse vendeuse de cigarettes n’était plus là. Seul le patron et deux, trois clients étaient encore présents. En goutte à goutte l’église sonna dix huit heures, le temps se coagulait. Le genre d’ambiance à prendre un Temesta.

-5-
Il n’y a plus personne. Les maisons sont vides, L’humanité s’est retrouvée soldée par manque d’amour. Plus de stocks, tout doit disparaitre, tous ont disparu. J’en ai aujourd’hui la certitude.
Hier encore nous avons croisé un couple de retraité se faisant des cheveux; nous, nous faisions tout un monde qui venait de nous quitter. Nous les avons cherchés toute la matinée d’aujourd’hui. Eux aussi se sont éteints, sous nos yeux. Dans une lente désintégration directe.


-6-LE RÊVE.
Cette nuit des ombres vont marcher sur l’ombre. Un oiseau viendra me chercher, sur son dos et vers les astres. Je serai une île dans les tumultueux océans des galaxies. Loin de Terra Cité, à l’abri d’une lune décapitée et blafarde cet oiseau de bonheur me glissera qu’il faut cesser d’aimer pour moi.
Je brûle dans des draps auréolés
De combustion spontanée.
Dans des bandelettes de fièvre,
Qui tissent le cocon
Où mute un sphinx
D’or et de plomb.

Qui fut le premier
L’homme ou la pyramide ?
Des solutions en altitude
Bien loin des habitudes.

Le ciel est de feu et de plasma solaire,
J’aime du soleil le vert de sa lumière.


-7-
Ma femme disparait elle aussi, sous mes yeux. Elle « s’invisibilise », devient transparente, elle sourit. Je lui souris une dernière fois.
J’écume dans la marée du temps. Seul…


-8-LE DERNIER ÊTRE HUMAIN.

Je fais partie d’un tout
Comme le jaune dans le blanc de l’œuf
Emprisonné dans le noir.

Je fais partie de beaucoup de choses.

Je vis le tout
Comme l’iris dans le blanc de l’œil,
Ouvert sur la lumière.

Je participe pour beaucoup de choses.

Je suis le tout
Comme l’œil dans la tourmente sur le cyclone,
Ouvert dans le ciel.

Je suis si peu de choses.
(pathétique)
Lorsque je suis las d’être ici, je repense à cette plage tranquille. Elle me fait accéder à la plage tranquille de mon être qui accepte de disparaitre.
D’être un blanc dans l’écume.
De retourner enfin à la mer.
Plus longtemps mort que vivant, la vie est la négation de l’existence, je suis un fœtus dans le formol de la vie.
S’aimer soi même, c’est beaucoup trop pour un homme seul.


-9-LE DERNIER DES IMBECILES.

De façon inversement proportionnelle à la désintégration de mon corps, l’humanité m’apparait à nouveau. Je sens certain d’entre vous venir accueillir ma métamorphose, vous me frôlez, touchant de vos caresses spectrales mon âme. Pour la première fois de mon existence j’ouvre autre chose que les yeux. Je m’aperçois que les hommes n’on pas disparu mais juste évolué. Je ne suis pas le dernier être humain.
Nous n’étions plus faits de matière. Une soudaine mutation de l’espèce avait fait de nous des anges. Nous allions pouvoir conquérir l’univers de nos propres ailes.
L’aventure ne fait que continuer…. Je me transforme aussi.
Peut être que les anges sont des hommes qui se frappent aux parois de l’univers ?
Peut être que les hommes sont des anges égarés dans l’immensité des mers ?

Equation de l’unité, tous complémentaires:
Réunis sur les sentiers stellaires,
Nous accélérons jusqu'à la lumière.

Peut être faut il laisser aux anges le savoir des érudits ?
Peut être que les hommes ont besoin de rêves et d’infini ?

Equation de l’unité, nous sommes le Saint Esprit:
Traçons ensemble le chemin de nos vies
Et inventons de nouveau le paradis.
Je ne suis pas le dernier des êtres humains. En refusant cette évolution, j’étais juste devenu le dernier des imbéciles.
 

 

  
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