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Les cobayes

En l'an 2065, la crise pétrolière arrivant à sa fin en raison de l'épuisement total de la ressource, les pays les plus consommateurs étaient parvenus à s'entendre avec les pays producteurs devenus très riches, pour contrôler le monde, en rayant de la carte l'ensemble des frontières. Cinquante ans plus tôt, la fin annoncée des ressources pétrolières avait conduit les pays les plus consommateurs à réfléchir et à créer des produits de substitution. Mais en réalité le pétrole entrant dans la production de nombreuses matières, c'est la production, la consommation et les modes de vie tout entier qu'il fallait revoir. Cela engendrait nécessairement une révision très profonde des cultures et de l'économie mondiale. L'espérance de vie grandissante des pays les plus développés, associée à la démographie galopante des pays les plus pauvres ne permettaient déjà pas de nourrir tout le monde et l'épuisement des ressources ne présageait pas d'un meilleur avenir, bien au contraire. Forts de ces constats, les riches pays producteurs avaient largement subventionné les pays très consommateurs et développés, pour que les plus éminents scientifiques mettent en ouvre toutes sortes de nouvelles techniques capables de fonctionner avec d'autres ressources. Mais toutes les ressources terrestres s'avéraient insuffisantes les unes après les autres. Il n'y avait en vérité qu'une seule solution viable. La courbe exponentielle de l'humanité devait s'inverser. Encore fallait-il mesurer dans quelle proportion et comment, pour atteindre un équilibre durable. Il était bien évident que ce contexte bousculait l'ensemble des données de l'humanité toute entière. De tous les continents, aucune culture n'était épargnée, quelle soit ancestrale, traditionnelle ou avant-gardiste. Du reste, même les plus savants éprouvaient de grandes difficultés à admettre cette évidence. Si bien que tous les pouvoirs rechignaient à mesurer véritablement l'enjeu, donc à définir un plan d'action à la fois efficace et serein. Forcément dans cette situation particulièrement inconfortable, une cacophonie chaotique régnait en maître dans tous les esprits humains. Mais chacun à sa façon faisait semblant de l'ignorer. Comme si chacun attendait une sorte de miracle qui pouvait venir d'ailleurs que d'eux-mêmes. Les uns se référaient à un passé soit-disant plus glorieux dans l'espoir qu'il renaisse et se perpétue invariablement. Les autres ne parlaient qu'au présent, de peur que le passé ne les conduise encore dans une impasse, ou que le futur ne se révèle pire encore. Aucun ne parvenait à lier le passé au présent pour construire un futur plausible et prometteur en tenant compte des éléments. Cette attente d'une improbable mutation soudaine et non maîtrisée avait entièrement modifié les modes de communication humains. Les langages s'étaient considérablement appauvrit. L'écriture s'était réduite à la seule expression d'un amoncellement de lois obsolètes ou incompréhensibles, qui n'avaient plus que pour seul objectif de couvrir les pouvoirs en place, quelle que soit leur place ! La plupart des individus avait déjà perdu l'usage de l'écriture qui ne se résumait qu'à quelques signatures de contrats trop longs et trop compliqués pour qu'ils sachent exactement ce qu'ils signaient. Les gens les moins démunis signaient des montagnes de contrats et documents qu'ils promenaient dans de grandes sacoches, pour les déposer dans les obscures archives des notables. De très nombreuses copies de ces contrats et documents étaient aussi promenées dans d'autres grandes sacoches, pour les déposer celles-ci, dans les obscures archives des banques et autres administrations qui ne les consultaient jamais et réclamaient sans cesse d'autres copies. Quant aux personnes qui non seulement avaient perdu l'usage de l'écriture, mais aussi partiellement celui de la lecture et qui n'avaient pas non plus l'usage de grandes sacoches, ils étaient totalement démunis de presque tout. Ils ne représentaient plus de l'extérieur qu'une forme d'illusion de ce que pouvait être l'espèce humaine.

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	9062	Les cobayes

		En l'an 2065, la crise pétrolière arrivant à sa fin en raison de l'épuisement total de la ressource, les pays les plus consommateurs étaient parvenus à s'entendre avec les pays producteurs devenus très riches, pour contrôler le monde, en rayant de la carte l'ensemble des frontières. Cinquante ans plus tôt, la fin annoncée des ressources pétrolières avait conduit les pays les plus consommateurs à réfléchir et à créer des produits de substitution. Mais en réalité le pétrole entrant dans la production de nombreuses matières, c'est la production, la consommation et les modes de vie tout entier qu'il fallait revoir. Cela engendrait nécessairement une révision très profonde des cultures et de l'économie mondiale. L'espérance de vie grandissante des pays les plus développés, associée à la démographie galopante des pays les plus pauvres ne permettaient déjà pas de nourrir tout le monde et l'épuisement des ressources ne présageait pas d'un meilleur avenir, bien au contraire. Forts de ces constats, les riches pays producteurs avaient largement subventionné les pays très consommateurs et développés, pour que les plus éminents scientifiques mettent en ouvre toutes sortes de nouvelles techniques capables de fonctionner avec d'autres ressources. Mais toutes les ressources terrestres s'avéraient insuffisantes les unes après les autres. Il n'y avait en vérité qu'une seule solution viable. La courbe exponentielle de l'humanité devait s'inverser. Encore fallait-il mesurer dans quelle proportion et comment, pour atteindre un équilibre durable. Il était bien évident que ce contexte bousculait l'ensemble des données de l'humanité toute entière. De tous les continents, aucune culture n'était épargnée, quelle soit ancestrale, traditionnelle ou avant-gardiste. Du reste, même les plus savants éprouvaient de grandes difficultés à admettre cette évidence. Si bien que tous les pouvoirs rechignaient à mesurer véritablement l'enjeu, donc à définir un plan d'action à la fois efficace et serein. Forcément dans cette situation particulièrement inconfortable, une cacophonie chaotique régnait en maître dans tous les esprits humains. Mais chacun à sa façon faisait semblant de l'ignorer. Comme si chacun attendait une sorte de miracle qui pouvait venir d'ailleurs que d'eux-mêmes. Les uns se référaient à un passé soit-disant plus glorieux dans l'espoir qu'il renaisse et se perpétue invariablement. Les autres ne parlaient qu'au présent, de peur que le passé ne les conduise encore dans une impasse, ou que le futur ne se révèle pire encore. Aucun ne parvenait à lier le passé au présent pour construire un futur plausible et prometteur en tenant compte des éléments. Cette attente d'une improbable mutation soudaine et non maîtrisée avait entièrement modifié les modes de communication humains. Les langages s'étaient considérablement appauvrit. L'écriture s'était réduite à la seule expression d'un amoncellement de lois obsolètes ou incompréhensibles, qui n'avaient plus que pour seul objectif de couvrir les pouvoirs en place, quelle que soit leur place ! La plupart des individus avait déjà perdu l'usage de l'écriture qui ne se résumait qu'à quelques signatures de contrats trop longs et trop compliqués pour qu'ils sachent exactement ce qu'ils signaient. Les gens les moins démunis signaient des montagnes de contrats et documents qu'ils promenaient dans de grandes sacoches, pour les déposer dans les obscures archives des notables. De très nombreuses copies de ces contrats et documents étaient aussi promenées dans d'autres grandes sacoches, pour les déposer celles-ci, dans les obscures archives des banques et autres administrations qui ne les consultaient jamais et réclamaient sans cesse d'autres copies. Quant aux personnes qui non seulement avaient perdu l'usage de l'écriture, mais aussi partiellement celui de la lecture et qui n'avaient pas non plus l'usage de grandes sacoches, ils étaient totalement démunis de presque tout. Ils ne représentaient plus de l'extérieur qu'une forme d'illusion de ce que pouvait être l'espèce humaine.
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