«
Bienvenue chez moi » (alternative) L'interphone était heureusement indulgent. - Ah, avec la grève d'aujourd'hui, c'est normal. Je ne t'indiques pas le chemin !? La porte d'entrée s'ouvrit. L'ascension des trois étages était éprouvante. « Ça manque de sport, tout ça ! » pensa-t-il. A peine arrivé, une ouverture coulissa aussitôt. -
Désolé, l'ascenseur est en panne depuis hier,
informa la femme derrière la porte. La femme lui proposa une chaise, ce qu'il accepta de suite. Les murs de l'appartement étaient tapis de laines de verre de couleur blanche. Cette couleur donnait un éclairage lumineux pour tout rayon de soleil pénétrant les lieux. Deux tableaux de maîtres ornaient le décor blanc. Une table en chêne était drapée d'une nappe de couleur claire assortie aux serviettes et aux assiettes. Quatre bougies étaient placées comme le pouvaient être un dîner aux chandelles. -
Vous avez sorti le grand jeu, remarqua l'invité. La femme décocha un sourire malicieux. -
Juliette, cria une voix masculine au fond de la cuisine. Tu
as préparé les biscuits apéritifs ? Juliette invita Carl à se rendre au salon. Au même instant, Martin vint à sa rencontre. - Il y a pas à dire, tu es super sexy avec un tablier, ironisa son ami. Son interlocuteur feint d'avoir été vexé par la remarque. Son visage prend la mimique de Robert De Niro dans Taxi driver durant la scène du miroir. Tout en répétant « You're talking to me ? », il s'avance, menaçant. Il fait mine de reculer son poing comme pour lui donner un direct avant de lui donner finalement l'accolade. -
Comment ça va, vieux ? lui demanda Martin. L'interlocuteur réfuta ce compliment, expliquant qu'il aurait sûrement trouvé seul le chemin de ses vraies aspirations. Le dernier message de Carl, il y a quelques années de cela où il lui conseillait de penser à une simple question avant de se coucher : « Es-tu heureux ? », avait changé sa vie. Le soir même il s'était posé la question et chaque nuit, la réponse se révélait peu à peu à lui. Son travail lui prenait tout son temps, il ne voyait plus ses amis, et croisait sa femme plus qu'il ne vivait avec elle. Puis, il fut décidé de créer au niveau mondial le Grand Conseil des Sages où les gouvernements nationaux disparaîtraient, laissant place à des gouverneurs devant rendre des comptes au Conseil. L'initiateur et cofondateur de l'OMRSM, qui était Président de la République Française, a été nommé Sage chargé, entre autre, de la gestion de l'OMRSM. Le nouveau Sage avait proposé à son meilleur élément, Martin, de venir le rejoindre dans cette aventure. Après deux jours de réflexions, il refusa. Et voilà que depuis huit mois, il vivait avec sa femme, a monté à l'aide de son meilleur ami, Carl, une association chargée d'informer la population sur les vérités concernant le Miracle ainsi que sur certaines enquêtes de l'OMRSM dont certaines informations sur leur issue étaient rapportées par quelques membres de l'organisation, sympathisants de l'association. Des pressions avaient été exercées contre Martin sans que ce dernier ne les ait prises réellement au sérieux. Après avoir discutés durant l'apéritif, ils passèrent à table. Martin ne restait que peu de temps à la tablé, occupé à finir les préparatifs. Les tomates découpées au trois quart en rondelles dont les tranches avaient été garnies de tranches d'ufs saupoudrés de mayonnaises fait par le maître de maison, formaient un hors d'uvre succulent. Ce qui suivit après cet amuse-bouche était digne des plus grands restaurants : un canard à l'orange accompagné d'un gratin dauphinois au summum de la finesse gustative. Ce ne fut que lors du désert, boules de glace avec le parfum de son choix, qu'ils purent échanger les dernières informations glanées sur le Miracle. - Tu as entendu parlé de « l'Elue » ? interrogea Carl. Son interlocuteur abandonna sa volonté de laisser fondre la glace dans sa bouche et déglutit. -
Oui, j'en ai vaguement entendu parlé quand
j'étais au ministère. L'hôte prend une cuillère glacée et l'introduit dans sa bouche. Il fit ensuite voyager la glace au gré de la volonté de sa langue avant de l'avaler. Ses gestes se voulaient lents, comme pour répondre à l'impatience de son intervieweur. - On dirait que j'ai en face de moi un journaliste avide d'un scoop, d'une rumeur ou d'un sac de grains à moudre. La remarque de son ami lui parvint au plein cur. - Tu me compares à ces « chiens » à la botte des politiques et des capitaines d'industrie ? Tu me compares à ces arrivistes, fourbes et à la recherche de la nouvelle la plus attractive pour leur journal ? Le haussement brutal de son ton surpris le mangeur de glaces. Il savait que cette comparaison l'agacerait, mais il ne s'attendait pas à une telle effusion. Sa femme s'inquiéta de l'issue de cette discussion. Martin jeta un il à son verre. - Je ne sais pas ce que tu as mis dans le vin, Juliette, mais tu diminueras la dose la prochaine fois. Il décocha un clin d'il à sa chère et tendre. La tension venait de se détendre aussi brusquement qu'elle s'était contractée. Carl se sentit embarrassé. - Excusez-moi de m'être emporté comme ça. Mais avec les pressions que la rédaction subit, je suis un peu sur les nerfs ces derniers temps. - Nous comprenons, rassura Juliette. - Ces couards de la presse nous prennent pour une agence de presse commerciale. Ils n'arrêtent pas de vouloir nous acheter nos infos sur les pyramides d'Egypte, la source lumineuse du miracle ou les recherches de l'OMRSM. Ils veulent piller nos enquêtes d'investigations. Ils ne comprennent pas que nous sommes une association à but non lucrative. - Justement, à ce sujet, je me demande s'il ne faudrait pas leur demander de manière sporadique une info de temps en temps. -
Hein ! Tu plaisantes ? Je ne donnerais rien à ces
patrons de presse qui ont obligés nos reporters
bénévoles à arrêter de venir chez
nous sous peine de licenciement. Heureusement que l'un
d'entre eux travaille pour un directeur d'agence qui est un
sympathisant à notre cause, sinon on aurait plus
personne. Carl posa son coude sur la table et plaça son front sur sa main. Un mal de tête venait lui rendre subitement visite. Il céda finalement et accepta de livrer des bribes d'infos au dernier membre des enquêteurs. La fatigue fit siffler son train et il prit congé de ses amis. La nuit était silencieuse dans la banlieue parisienne. Sa migraine passagère s'était calmée. S'il avait retrouvé une activité allant dans le sens de son désir de découvrir tous les secrets des étoiles mouvantes, il avait par la même occasion rencontré d'autres difficultés qu'il fallait surmonter. Il lui semblait qu'à chaque pas accomplis en direction de la vérité, de nouveaux obstacles se dressaient sur son passage. Il chercha dans le ciel les formes géométriques animées, mais la proximité et la hauteur des immeubles l'empêchait d'admirer la beauté du ciel. La pollution lumineuse n'avait pas diminué depuis l'apparition. Combien de temps pourra-t-il continuer à poursuivre son rêve ? La vérité éclatera-t-elle au grand jour ? Tout ce qu'il espère, c'est qu'il puisse en savoir suffisamment pour en déterminer la vraie nature, qu'elle soit néfaste ou bienfaisante |