Peine personnalisée

Devant les nombreuses récidives, le gouvernement français décida de diligenter une commission chargée de trouver des solutions pour y mettre fin.

Ce que prodiguait cette commission laissa le chef du gouvernement dans une perplexité sans nom…

Une nouvelle peine de prison serait instaurée. Il s'agirait d'une peine suprême, supérieure à celle de la réclusion à perpétuité voire même à la peine mort: "la peine capitale personnalisée".

Cette peine serait adaptée à la personnalité et aux phobies du prévenu. Les peines pouvaient coprendre pour un arachnophobe d'être enfermé dans une cellule comportant des nids d'araignées pendant une année entière; un claustrophobe serait tout simplement enfermé dans une cellule plus petite sans fenêtre, ni barreau, etc. La peine serait évidemment adaptée selon la gravité des faits qui lui sont reprochés.

&endash; L'électrochoc serait tel qu'ils dissuaderont les condamnés à renouveler leurs méfaits, lui assura le rapporteur de la commission.

&endash; Vous êtes sûr que cette mesure n'est pas, disons, un peu trop extrême? demanda le Premier Ministre, mal à l'aise.

&endash; Pour moi, ça ne l'est pas. Il faut aller jusqu'au bout maintenant. Ou bien cette commission n'aurait servi à rien.

Le Haut Fonctionnaire commençait à émettre des doutes sur la santé mentale de l'homme qui se trouvait en face de lui.

&endash; Et bien, je vais réfléchir à tout ceci. J'espère juste qu'il n'y aura pas de dérive à l'avenir.

&endash; Bien sûr, je vous comprend… Cependant, j'aimerais attirer votre attention sur le fait qu'il faudra peut-être aller plus loin dans la peine personnalisée.

&endash; Plus loin ? C'est à dire ?

&endash; Et bien, on pourrait prendre l'exemple d'un criminel qui n'aurait aucune phobie et dont la peine capitale personnalisée ne servirait à rien.

Son vis-à-vis était intrigué.

&endash; Et que préconisez-vous dans ce cas ?

&endash; Et bien, on pourrait trouver d'autres peurs autre que phobiques. Par exemple, ce criminel pourrait ne pas craindre sa propre mort, mais redouterait plus que tout celle de ses proches…

Il laissa son interlocuteur imaginer la suite. Ce dernier sentit un sentiment de surprise puis de colère monter en lui.

&endash; Je crains ne pas comprendre où vous voulez en venir… Ou plutôt, je m'y refuse.

&endash; Ecouter, dans ce cas précis, la culpabilité sera telle qu'il ne fera plus, à l'avenir, un autre acte criminel…

&endash; Mais vous êtes fou, ma parole ! Et s'il se suicidait au contraire ?!

&endash; Peu importe. Il n'avait qu'à y réfléchir avant.

Abasourdi, il mit un temps pour réagir.

&endash; Plus de 20 ans après l'abolition de la peine de mort, je pense qu'il s'agirait d'un grand retour en arrière. Je crois que vous m'avez aidé dans ma prise de décision sur cette proposition. Je vous en remercie.

&endash; Il est capital que vous fassiez une loi allant en ce sens ! insista le rapporteur, décidé.

Le Premier Ministre hochait négativement de la tête.

&endash; Je ne crois pas, non. Imaginez un instant que cet homme à qui vous avez fait condamné à mort toute sa famille, fou de rage contre la société et n'ayant plus rien à perdre, finisse par passer à la vitesse supérieure ou pire, commettre un attentat terroriste !

&endash; C'est un risque à prendre.

Sur cette dernière phrase, les deux hommes se séparèrent.

Le résultat de cette commission alimenta les ordures ménagères de la capitale. Et un simple durcissement des peines de prisons fut proposé par le ministre de l'Intérieur, à la demande du Premier Ministre.

Lors d'une séance de questions au gouvernement, Le Premier Ministre en voulant regagner sa place, vit le ministre de l'Intérieur et décida d'aller à sa rencontre.

&endash; Au fait, Patrick, tu les as trouvé à l'extrême-droite tes membres de la commission "peine capitale personnalisée"? demanda-t-il en lui décochant un clin d'œil coquin avant de repartir vers sa place sans attendre la réponse de son ministre.

Ce dernier regretta secrètement que le rapporteur ait été trop loin dans sa proposition. Mais très vite, il repartit dans ses papiers. Il avait une élection a gagner...