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Le recommencement

 

 

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La Grande guerre avait eu lieu. Après des décennies de menaces, de guerre froide, de lutte entre les grandes et les plus petites puissances émergentes, cela avait finalement eu lieu.
Dans les premières années du XXI siècle, tout le monde avait vaguement conscience que l'humanité choisissait le chemin de la destruction et de la haine. Mais, malgré cette intuition, les peuples avaient continué à consommer massivement, à brûler, torturer et tuer, au nom de leur pays, de leurs croyances ou simplement pour se défendre.

Les médias, contrôlés par de grands groupes financiers, eux-mêmes contrôlés par les gouvernements ne diffusaient que les informations sans intérêt, juste à même d'éveiller la curiosité malsaine des spectateurs ou des lecteurs; mais sans que personne ne se rende compte une grande guerre se préparait. Les déclarations explicites de guerre fusaient, mais les gouvernements préféraient taire ses réalités afin d'apaiser ses peuples. Les seuls signes visibles par les troupeaux humains étaient des actes de barbarie devenus quotidens et qui perdaient tout effet extraordinaire: les attentats, les pays totalitaires, s'équipant de l'arme nucléaire, les contacts avec les peuples extra-terrestres qui nous demandaient de cesser cette course à la destruction...

Mais un jour, alors que tout le monde vaquait à ses occupations ou pensait à ces petits tracas quotidiens, la plupart des nations armées prirent la folle décision de démarrer la Grande et dernière guerre.

Lors de la première salve de missiles intercontinentaux, environ un quart de l'humanité disparut en quelques secondes sous la puissance des têtes nucléaires que les scientifiques eux-mêmes n'avaient pas jugées si dévastatrices. Ainsi, des milliards de gens hébétés, virent ces grands arcs lumineux dans le ciel et qui semblaient se diriger vers eux. Et durant les quelques secondes qui les séparaient d'une mort immédiate, ils se retrouvaient face à un fait incompréhensible, et tels des animaux n'ayant pas la capacité de comprendre par manque d'information et de savoir, ils regardaient la mort s'approcher d'eux, la bouche ouverte, figés dans une expression d'incompréhension.

Ce furent évidemment les grandes capitales qui furent les premières touchées, Paris, NYC, Bombai, Tokyo, Moscou, Budapest, Jerusalem... Toutes ces grandes villes passèrent d'une seconde à l'autre à l'état de légende sous forme d'un tas de cendres incandescentes.

Advinrent ensuite les guerres fratricides entre peuples et au sein même de ce qui avait été des nations avant cette première attaque. Les pouvoirs jadis en place s'étaient réfugiés dans des abris, cachés sous plusieurs kilomètres de roche. Havres de survie qu'ils avaient rejoint avant les premières attaques et prenant la décision d'abandonner leurs peuples dans le désarroi, la mort, l'incompréhension et la destruction.

Durant ces guerres civiles, les 3/4 de la population encore en vie disparurent, balayés par la faim, l'ignorance et la fureur de ceux ayant survécu.

De ces quelques millions restant, certains trouvèrent les abris des anciens dirigeants et les massacrèrent, faisant fondre sur eux toute la colère emmagasinée durant les années de souffrance et de désespoir qu'avaient suivi la destruction de leur monde en lequel ils croyaient si fort malgré tous ses défauts.

Après ces décennies de violence, seules quelques centaines d'humains survécurent, les terres étant devenues infertiles du fait des radiations et des différentes armes biologiques qui avaient été utilisées pendant les affrontements. Beaucoup moururent de maladies dont plus aucun médecin ne pouvaient les sauver, faute d'équipement, de savoir et de "vouloir". L'expression à la mode devint: "Chacun sa merde! ".

Des siècles furent nécessaires à ces quelques centaines de survivant pour s'apaiser et se réunir. En effet, l'une des caractéristiques des humains et de rechercher et de côtoyer ses semblables. Ainsi des peuples entiers migrèrent pour retrouver les leurs et finirent par touts se retrouver la où tout avait commencé: en Afrique.

En effet, ce continent, qui était le plus pauvre avant les premières attaques avait été le moins touché, car celui-ci ne représentait ni menace, ni source de matières premières, ni attrait stratégique militaire.

De ce sol qui jadis fut notre mère porteuse, l'humanité décida de redémarrer.

Cette nouvelle humanité qui avait en elle conservé la profonde blessure de son échec global avait développé une formidable empathie envers son prochain, la nature et soi-même; ainsi la notion même de propriété, de violence ou même de besoin avaient disparu pour laisser place à un sentiment commun d'appartenir à un tout, avec le devoir de réparer les plaies de leurs ancêtres.

Ces "nouveaux humains" ont développé une langue commune, basée sur des bribes de langages existant à l'époque mais qui ne possédait plus le vocabulaire lié à la guerre, à la possession ou à toutes les formes de démence de l'humanité; car leurs ancêtres avaient compris que les mots avaient un pouvoir fort, et que le fait de ne pas donner de mot à une atrocité l'empêchait d'exister.

Ils bâtirent une société sans gouvernement, où tout le monde portait assistance à tout le monde et où il suffisait de cueillir des fruits pour se nourrir ou bien en demander à son prochain si on était trop faible ou incapable d'en trouver.

Ces humains avaient évolué, ils avaient développé leur conscience à un stade incroyablement élevé, passant de l'idée théorique d'appartenance à un tout, à la réelle capacité de le sentir et de vivre cette formidable sensation.

Nous sommes en l'an 3000, et l'humain a enfin décidé d'apprendre de ses erreurs et d'exploiter ses différences pour en faire des atouts dont tout le monde, toutes les espèces et la Terre elle-même pourraient jouir.

L'humanité avait atteint l'an 3000, affaiblie, amoindrie, mais avec un futur possible, basé sur un fonctionnement harmonieux.
 

 

  
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