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Et si nous étions redevenus tout simplement humain ?

 

 

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Nous sommes en 2040 et le pire n'est pas arrivé. Cette date faisait «science fiction» lorsque j'étais jeune au 20eme siècle. Nous imaginions à l'époque toute sorte de mutants, d'hommes bioniques que les avancées de la science laissait présager, à l'image d'extra terrestres que nous n'avions toujours pas rencontrés. Cependant, nos pires cauchemars devenaient chaque jour réalité aux quatre coins de la planète, bien mal en point, que nous avions mis au bord de l'asphyxie. Nous avions tout simplement oublié que la terre et ses ressources avaient des limites, et dans notre folie de toute puissance, nous pensions très sérieusement que la seul voie de salut était de produire toujours plus, de consommer encore et encore; La publicité bien sûr et toute une propagande parfaitement orchestrée nous prouvait chaque jour qu'il fallait à tout prix posséder toujours davantage et nous ne savions plus tout simplement être...

Les gens étaient prêts à tout pour gagner plus d’argent, même à des actes violents. Les grandes manifestations corporatistes se généralisèrent. Les syndicats devinrent des espèces de mafias intervenant au coup par coup pour intimider le patronat ou les grandes institutions, parfois avec séquestrations, coups et blessures... On essayait de tirer parti du système moribond tant qu’on le pouvait et par tous les moyens.

Mais il s'agissait d'un vaste miroir aux alouettes: tout le monde à le droit à avoir, à posséder, à bénéficier... puisque la croissance était sans limite... sauf que cela s'est révélé un marché de dupe. Car malheureusement, toute cette richesse qui semblait à portée de main par la lucarne de la télévision est passé sous le nez d'une très grande majorité. Les revenus se sont réduits comme peau de chagrin, alors que les charges notamment en énergie ont pesé de plus en plus fortement sur les ménages.

Tant est si bien que le système arrivé à son paroxysme dans les années 2020 a fini par exploser littéralement. La plupart des économies développées vivaient elles aussi largement au-dessus de leurs moyens et des moyens de la planète. Et tout cela sur le dos de nos enfants et futurs enfants et des pays que nous appelions "en voie de développement". Toutes ces économies se sont retrouvé bientôt en faillite. D'abord la Grèce, puis l'Espagne enfin La France puis toute l'Europe ainsi que la plupart des pays développés.
Mais parallèlement, les grandes institutions, les grandes entreprises, tout ce qui maintenait le système coûte que coûte se trouva peu à peu ébranlé suite à un phénomène que personne n'avait vraiment vu venir: de plus en plus de gens prirent en main leur avenir et retirèrent leur confiance du système. C'est venu essentiellement d'internet, ce vaste réseau d'échange de données. Très vite on s'est aperçu que chacun pouvait maîtriser des parcelles du système. D'abord, en termes d'information, les médias n'étaient plus maîtres du jeu. La toile était une source d'information d'une infinie richesse. Chacun avait la possibilité de transmettre des infos en temps réel, mais aussi de s'exprimer, de faire valoir ses talents, de manière libre directe et parfois de façon collective.
Dans le domaine de l'alimentation, là aussi de plus en plus de gens modifièrent leur mode de consommation. Arrêter de faire ses courses au supermarché, pour privilégier une alimentation saine et produite localement, c'était une manière de refuser le système tout en protégeant sa santé.

Les gens ne voulaient pas de la société qui était en train de se mettre en place et ils commencèrent à s’organiser. Au début c’était assez marginal. Les gens se sentaient impuissants à pouvoir véritablement modifier le système... mais par effet de contagion, peu à peu des personnes prenaient conscience que cela ne pouvait pas continuer comme cela, qu’il fallait réduire notre consommation énergétique, notre consommation tout court et que de toute façon on aurait pas le choix. Cette prise de conscience se faisait parfois difficilement. La plupart des gens avait tellement été conditionnés et ils profitaient tellement du système qu’ils ne souhaitaient pas ouvrir les yeux. Cela passait souvent par des sarcasmes vis-à-vis de ce courant de pensée qu’on appelait écologie, ou bien par le déni pur et simple. Et puis ils croyaient avoir tant à perdre et ne voyait pas ce qu’ils pouvaient y gagner. Mais peu à peu une sorte d’économie parallèle se mit en place et l’on comprit bientôt tout l’intérêt que cela pouvait avoir.


Aujourd'hui je suis une vieille dame tellement sereine et heureuse. Avec notre maigre retraite nous nous en sortons plutôt bien. Pourtant nous pourrions trouver cela injuste car nous avons travaillé toute notre vie en tant que cadre d'entreprise, et cependant, nous sommes obligés de continuer à travailler un peu, mais est-ce vraiment du travail ? Grâce à une petite communauté locale d'échanges et de troc, nous arrivons à être pratiquement autonome dans de nombreux domaines, et notamment sur le plan alimentaire et énergétique. Ceci est devenu complètement indispensable tout simplement pour survivre car acheter des produits d'importation ou même industriels est devenu hors de prix.

En plus du potager de mon jardin, je me rend régulièrement aux jardins collectifs, d'abord pour échanger des conseils mais aussi des graines et des plants. J'y donne un coup de main aussi de temps en temps. Il y a des arbres fruitiers également et c'est un vrai bonheur que de partager les moments de cueillette avec les enfants, petits enfants et tous ceux de la communauté dont beaucoup sont devenus des amis. Chacun y participe à la hauteur de son temps libre, de ses compétences et de sa force physique bien sûr. Les échanges se font sur la base d'une monnaie locale qui permet une certaine équité dans les échanges. Mais les échanges sont beaucoup plus ouverts qu'avant. Ils peuvent porter sur des biens mais aussi sur des services divers. Comme j'ai du temps maintenant, il m'arrive de garder les enfants de mes voisins, et je donne aussi des cours de yoga, mon mari donne des cours d'informatique et fait des dépannages d'ordinateurs. En échange, nous bénéficions des services d'un électricien qui nous a aidé dans les travaux que nous avons réalisé dans la maison. Et surtout, cela nous permet d'avoir accès à un marché local de produits bio et locaux pour un prix acceptable. Par ailleurs, nous ne voyons pratiquement plus de voitures dans les rues. On circule en vélo ou en transports en commun. De nouveaux moyens de locomotions doux sont apparus. Il y a un parc de véhicule disponible pour la ville, au cas où nous aurions à nous déplacer. Mais c'est en définitive assez peu utilisé car de nombreux emplois ont été relocalisés et pour ceux qui doivent se déplacer pour leur travail, les transports en commun sont parfaits.

Par ailleurs, les espaces de gratuité se sont généralisés et permettent de mettre à disposition de tous des objets divers, vêtements ou même aliments dont nous n'avons plus besoin ou qui excèdent notre consommation. Quelque soit son niveau de vie, chacun peut venir y chiner pour y prendre ce qu'il pourra recycler, raccommoder, réparer. Les espaces de gratuité sont parfois rapidement dévalisés, les gens, des jeunes ou des migrants ont souvent beaucoup de besoins et n'ont pas les moyens d'acheter des objets neufs. Mais, la pauvreté n'est plus considérée avec condescendance, comme c'était le cas dans l'ancien système. Les gens ne sont plus jugés en fonction de leur niveau de vie mais de leur propre humanité tout simplement. Il n'y a plus cette espèce d'incantation à participer au système, alors qu'à l'époque, tout était fait pour que le fait de ne pas consommer, de ne pas pouvoir partir en vacances par exemple... soit vécu comme insupportable.

Maintenant, être pauvre n'est plus considéré comme quelque chose d' honteux car d'abord tout le monde ou presque l'est. Des lieux de vie collectifs, ouverts à tous et gratuits ont été installés dans le but d'aider les plus démunis mais aussi de rapprocher les gens. Un certain nombre d'appareils sont mis en commun : la cuisine notamment, le lave linge, le séchoir... mais aussi la nourriture. On peut prendre les repas en commun. Les enfants sont gardés par les voisins. C'est devenu une vrai communauté, avec des règles de vie et de devoirs bien sûr pour chacun. C'est aussi un lieu d'intégration pour les migrants (des pays du sud mais aussi des villes) qui disposent ainsi de cours de d'apprentissage du français, mais aussi d'un métier, notamment dans le domaine agricole. Dans d'autres villes, des communautés se sont développées de manière encore plus poussée jusqu'à ressembler presque au premiers Kibboutz israéliens.

Nous ne pouvons plus nous déplacer dans des pays lointains, mais nous savons apprécier notre jardin, notre territoire. Nous ne partons plus en vacances mais nous savons partager avec nos amis, nos enfants tant de moments de bonheur.
Sur le plan énergétique, de nombreux parc éoliens ont fleuris dans la campagne française grâce aux citoyens qui ont investit massivement, alors que l'Etat essayait de se dépêtrer de l'impasse nucléaire. C'est ainsi que nous disposons de l'électricité dont nous avons besoin, tout en ayant réduit drastiquement notre consommation, que ce soit au niveau individuel que collectif. Nous nous chauffons grâce à un poêle à bois qui répartit la chaleur dans toute la maison et sur lequel nous faisons notre cuisine et chauffons notre eau. Heureusement, car cela nous évite des factures énergétiques que nous n'aurions pas été en mesure de payer. Nous avons également baissé notre facture d'eau en installant nous-même des toilettes sèches.

Je ne regrette pas cette période de transition que fut le début du siècle, où nous nous sentions impuissants à faire changer le cours des choses. C'est cependant grâce aux réseaux de citoyens qui se sont organisés progressivement dès cette époque qu'on a pu éviter le pire.
 

 

  
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