Scénarios arborescents
Arborescence du scénario 9327

Une société de délation

Une dizaine d'années plus tôt, un site avait été créé par quelques utopistes pour permettre à tout citoyen de dénoncer les mauvais agissements des entreprises afin de les forcer à un comportement plus éthique, plus respectueux de l'humain et de la nature. Rapidement, ce site avait connu un succès mondial, avec des millions de participants à travers le monde.

Les entreprises dénoncées sur le site subissaient un boycott massif et voyaient leurs ventes s'effondrer en quelques semaines. Désormais, au lieu d'exiger toujours plus de "rentabilité", les actionnaires étaient devenus les premiers à demander plus d'éthique. Ainsi, les entreprises cessèrent de polluer l'environnement et d'exploiter leurs salariés.

Après un tel succès, on se dit qu'il serait bon d'étendre ces dénonciations à toute forme de nuisance, qu'elles viennent des entreprises ou de simples citoyens. On commença à dénoncer les voisins bruyants, les propriétaires de gros diesels polluants, ou ceux dont les chiens déféquaient régulièrement sur le trottoir au lieu du caniveau.

Là encore ce fut un grand succès, alors on voulut aller plus loin encore pour une société de "moralité parfaite". Après l'éthique, c'était maintenant la morale qui obsédait les gens, sous l'influence croissante des groupes évangélistes ou de l'Islam. On commença alors à dénoncer tous ceux qui n'avaient pas un comportement conforme à une morale stricte. On dénonçait les alcooliques, les maris qui trompaient leurs femmes (ou le contraire), les homosexuels, ou les jeunes qui avaient été aperçus en train de fumer un joint... Tout le monde épiait tout le monde, les coupables étaient filmés ou photographiés en flagrant délit et les images étaient immédiatement diffusées sur internet...

Les partis populistes d'extrême droite qui surfaient sur la vague depuis un moment étaient désormais au pouvoir un peu partout. Ce fut alors la phase finale de la délation. On dénonçait désormais toute personne dont le comportement bizarre pouvait être le signe de pensées subversives, ceux qui se levaient un peu trop tard, ceux qui étaient un peu trop solitaires, ceux qui, lors des réunions entre amis, n'étaient pas assez enthousiastes envers le Nouveau Fuhrer et sa politique, définie par le slogan "morale et sécurité au-dessus de tout"...

Créé par ultraworld le 15/01/2010 | Evaluer ce scenario
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