Intervention

La hache trancha net le cou du canard. Thérèse lâcha la bestiole guillotinée, qui se mis à courir dans la basse-cour avant de tomber, pattes tremblantes, en plein milieu de « la carrée » (la cour centrale) sur les cailloux secs. Par cette année de sécheresse, il faisait chaud et les récoltes étaient mauvaises. Nous étions en 1870, quelque part au centre de la France.

Thérèse essuya consciencieusement sa feuille de boucher avec de la paille, puis alla récupérer le volatile fuyard, afin de préparer un bon repas pour l'anniversaire de son homme. Le Joseph, était un brave homme rondouillard, un blond tout rouge, rosie quotidiennement par les petits canons et la chaleur de ces dernières semaines. Il était parti à la chasse, comme tous les dimanche, avec les fermiers voisins, et pensait ramener une part de sanglier ou des lapins de garenne pour faire des terrines, pour améliorer l'ordinaire.
La Thérèse, se penchant pour ramasser le volatile, cette fois bien calmé et bien mort. Soudain, elle ressentit un frisson dans le dos. De ceux que le froid paralyse, d'une intensité qui bloque le réflexe pour laisser place à la panique quelques instants infimes et qui paraissent des années.
Au même moment, tout se que l'on comptait de bêtes dans la ferme se mis en mouvement de peur, les oies devenues folles, le cheval ruant, les vaches en soins à l'étable donnant des coups de pieds dans les râteliers, les poules courants en tout sens, les chèvres tapant des cornes contre l'enclos et le vieux chiens Bingo resté à la ferme jappant et grognant rageusement en regardant vers le seul nuage au dessus de la ferme…

De ce nuage apparut un cylindre, vert pâle nacré, peut être bien de 200 à 300 mètres de long. Ses contours étaient floues, et il se plaçât avec une agilité et une rapidité folle au dessus des bâtisses.
La Thérèse ne vit qu'un flash de lumière. Elle n'eut pas le temps de lever les yeux pour voir l'objet gigantesque. Le vieux Bingo se réfugia dans une grange sous la paille tandis que les animaux fuyaient par les chemins de campagne.

Quand le pauvre Joseph, paniqué, la ramassa, deux heures peut être s'étaient écoulées. Il l'a porta sur le lit, malgré une tempête de protestations. A cette époque, aucun paysans ne devait être malade, c'était une forme d'attitude à la rudesse des travaux agricoles. Elle resta au lit jusqu'à la soirée, tout du moins le pauvre Joseph s'y efforça, quand il compris finalement que son épouse allait très bien.
Elle lui conta son aventure.
Joseph, très croyant, mais en même temps très radical dans ses pensées, pensa tout de suite à une invention militaire pour diriger le climat, et les orages contre des ennemis. Le frisson était un éclair, et sa chère et tendre à été foudroyée. Voilà tout.

9 mois après cette aventure, naquit Alphonse. Un bébé bien joufflu, qui ravissait ses parents de sourires et babillas de poupons.
17 mois s'écoulèrent, paisibles.

Joseph rentra un soir, bredouille de sa chasse, et l'enfant lui tendis un objet. La Thérèse était occupée à son linge. Il pris l'enfant sur ses genoux.

- Alors mon petit Alphonse tu joue ! c'est quoi ça ? un pipeau ?

- non c'est un laser papa, avec lui tu ramènera des lapins, si tu ne t'arrête pas tous les jours pour faire joujou avec la dame de la cabane.

Pris de panique, Joseph mis la main sur la bouche de l'enfant. Puis s'étant assuré que personne ne fut à l'écouter relâchait sa prise…

- Et comment sais-tu tout cela toi ?
- Le parfum de la dame papa, et les lièvres que tu ramène ont tous le goût des chênes là où il y a la cabane… Et le temps que tu passe à la chasse, avec ton fusil qui sent pas la poudre, tes vêtements qui ne sont pas tachés.

Une nouvelle fois, Joseph mis la main sur la bouche de l'enfant.

- d'accord, d'accord, d'accord…. Heu tu ne dira rien à Maman hein ? je t'apporterai le plus beau des joujoux si tu ne dis rien hein ?
- Non.
- Non ? quoi non ? le plus beau des joujoux… heu un train en bois avec une orange.. heu des petits soldats de plombs !
- Non je veux aller à l'école !
- D'accord, d'accord, d'accord l'école biensur ! hé bien dés demain hein ?
- Oui ! et pour le laser oublie ça papa… je te le donnerai plus tard.

Le soir, après une discutions animée, la Thérèse et Joseph décidèrent d'emmener le « petiot » à l'école.
- Je vous présente Alphonse votre nouveau petit camarade dit l'instituteur ! Une vague de crises de rires souleva les 45 élèves… « quoi un bébé ? il va apprendre à laver ses langes dit l'un d'eux ».
- Silence ! présente toi à tes camarades.
- Bonjour je m'appelle Alphonse, j'ai… l'age requit et nécessaire pour apprendre avec vous. Je suis petit certes, mais bien des choses à partager, et ensemble nous avancerons vite… croyez moi…

Médusée la classe s'assis en silence. La journée fut une journée d'observation où l'on regardait cet étrange « bébé » au premier rang, graver sur son ardoise les réponses en calculs et en lecture de l'histoire. Il fut rapidement adopté et devint la mascotte de l'école, puis de l'internat.

A 15 ans, Alphonse Verrier entra à la faculté des sciences de Paris. On menti sur son age, prétextant une maladie qui empêchait la peau de vieillir. Boulimique de savoirs, il assistait à plusieurs cours et faisait l'étonnement des professeurs, notamment le professeur Biot qui le recommanda aux plus éminents astronomes de l'époque. Il obtint à 20 ans un crédit de Monsieur Henri Poincarré pour créer son propre laboratoire d'astronomie, près de l'observatoire de Meudon et une chaire à l'observatoire astronomique de la Sorbonne.

Un soir alors qu'Alphonse traversait le bois de Meudon par « promenade » un tres imposant cylindre vert pâle et nacré apparut de dessous un petit nuage. Il se posa dans une clairière isolée par d'épais chênes millénaires. Alphonse, loin d'être surpris, se dirigeât vers cet étrange objet tombé des nues. Un être à silhouette humaine apparut devant cet « baleine » de nacre et de métal verdoyant.

- Bonjour Référent dit Alphonse.
- Bonjour Testeur. Alors, y a t'il des avancées significatives où cette civilisation court à sa perte ?
- Hé bien, sans une intervention minime, je pense que cette civilisation risque de s'éteindre à causes de guerres et pour dominer l'énergie.
- Une solution ?
- oui leur offrir une autre énergie, je pensais à la fusion et la fission atomique. Ils pourraient suffisamment avoir peur au vue de cette puissance… et elle est assez polluante pour éviter une généralisation pérenne… De plus certains travaillent déjà sur la radio-activité. Cela laisserai le temps à l'évolution social de récupérer son retard par rapport aux technologies et aux systèmes politiques médiévaux actuels.
- Bien vous avez carte blanche. Au revoir Testeur.
- Au revoir Référent, à dans… 50 ans.

L'histoire ne dit pas comment le vaisseau vert nacré disparût, ni comment Alphonse, parvint à souffler quelques formules à Henri Becquerelle pour la découverte de ce qui allait être l'énergie nucléaire et aussi la terrible bombe A. Alphonse Verrier disparut officiellement en 1934. Certains anciens élèves en 1950 affirment l'avoir croisé aux Etats Unis, vers la base 51, d'autres encore à NASA en 1960 d'autres au Japon… jusqu'à récemment en 1990 au Synchrotron du CERN, des photos et des ressemblances troublantes avec le « jeune » Alphonse Verrier…

Notre humanité serait-elle surveillée par d'étranges intervenants ? Ces intervenants sont-ils humains ? Nous pouvons chaque jour constater la rapidité des progrès technologiques. Mais qu'advient-il de l'organisation des hommes et leurs évolution en sociologie ? Y a t-il une volonté humaine à améliorer collectivement le quotidien ? Alphonse Verrier aura t-il un jour à intervenir directement sur la sociologie terrestre appliquée ? Si nous détenons l'avenir entre nos mains alors les réponses existent bien, quelque part, par la décision du testeur et de son Référent.