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Mai 2018, fin de l'anthropocène, naissance de l'abolitiocène

 

 

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Ça a commencé comme à chaque fois, un printemps, au dégel, au désengourdissement du vivant. Les foules se sont à nouveau concentrées, crescendo, dans les rues, les colères se sont enflammées et c'est ainsi que les rouages du labeur se sont brusquement enroués. Mais en cette année 2018, la grosse machine tortueuse qu'était devenue la "société", entremêlée de liens et de têtes de n½uds intriquées, cette vieille société essoufflée, ankylosée de ses "modernités", diabétique de gigabits, suait telle une obésité spéculative qui, s'arrêtant sur le palier d'un graphique pétrolier pour reprendre son souffle, fît un arrêt cardiaque. Ce fût fatal à ce vieux monde.
En 24h, il n'y eut plus ce carburant dans les pompes à jus de goudron qui leur permettait de se mouvoir, en 48h, les rayons qui servaient à exposer à la vente les substituts de légumes étaient vides, plus d"argent" non plus, ce chiffrage papier ou numérique des peines de travaux forcés qui servaient à acheter du temps et des moyens de survie, tous les guichets ayant été subitement fermés ou éteints.
Et c'est là que s'est produit ce supposé miracle qui en fait n'en était pas un: les parasites et psychotropes systémiques s'étant enfuis ou effondrés, l'homéostasie de ce qui fonde l'essence-même de notre Humanité s'est remis à fonctionner:
La population s'est remise à penser par elle-même, n'ayant plus peur de la propagande d'autorité qui n'était plus, elle n'eut plus peur de l"autre" non plus, comprenant qu'il ne convoitait ni son pain ni son travail, tout autant disparus, puis elle entendit aussi l'appel à l'aide de ceusses qui n'étaient plus muselés par les "marchés" eux aussi volatilisés. Et c'est ainsi que toutes et tous se mirent enfin à la tâche, pour "pas un rond" comme ils disaient à l'époque, juste parce que ça faisait enfin sens. Parce qu'il y avait des centrales nucléaires à refroidir, parce qu'il y avait des graines à semer, des gens à accueillir, pour qu'à leur tour ils puissent se sentir tout autant utiles à la tâche gigantesque qui nous attendait.
Oh ça n'a pas été tout rose, il y a eu des millions de morts lors de cette articulation chaotique du temps, payés en larmes et en sueur, mais tous et toutes enterrés à la force du c½ur et du regret de les avoir perdu. e. s, et non par la rage de vaincre ou de "gagner" quelque chose. Les militaires n'ayant plus de carrière et les salariés de salaire, il ne restait plus que "des choses à faire"; les ouvriers eurent enfin de la fierté à transmettre et du soulagement à déléguer, ou à remettre.
Et c'est ainsi que le vrai partage de notre ère est né: le partage des "à faire" et non plus des "affaires".
La Constitution Populaire Planétaire (CPP) est née suite à cet avènement majeur de l'Abolitiocène, l'abolition de toutes les valeurs issues de la fausse-route humaine dite "indue-strielle":

-abolition de toute discrimination animale, végétale et minérale
-abolition de toute violence
-abolition de toute autorité sur autrui
-abolition de toute exploitation d'autrui
-abolition de toute spéculation
-abolition de toute appropriation exclusive
-abolition de toute privatisation matérielle et conceptuelle
-abolition de toute contrainte sur le vivant
-abolition de toute production excédentaire
-abolition de toute détermination intrusive

C'est à ce prix-là, mes cher. e. s concitoyen. ne. s, ne l'oubliez jamais, que nous avons la joie et le bonheur, aujourd'hui de ni plus ni moins Jouir Pleinement de la Vie. Sans peur au ventre comme nos grand-mères, de mains en sangs comme nos grand-pères, de psychoses comme leurs chefs et soldats. L'humanité n'a jamais été aussi riche depuis qu'elle est sobre, saine, en somme depuis qu'elle s'aime et se respecte elle-même. Tous les jours, nous faisons toutes et tous la démonstration de notre capacité pleine et entière à savoir décider, créer, choisir, initier, proposer, partager, mais aussi à nous reposer, observer, apprendre, nous émerveiller, rire, attendre, renoncer, et tout cela simplement parce que nous avons su enfin comprendre les Fondements de la Liberté. Elle est comme l'air que nous respirons: on l'inspire et puis on l'expire, chargée de carbone qui nourrit l'arbre, pour à son tour l'inspirer puis l'expirer, chargé d'oxygène qui nous nourrit en retour. La Liberté EST Le Système Fondateur de tout équilibre parmi les équilibres, et c'est précisément parce que nous n'avons plus peur de n'en être que quelques alvéoles, que nous pouvons avoir cette joie de s'y sentir utiles tout autant que soulagés de se savoir dispensables. Nous nous sommes enfin libéré. e. s! Car il n'y a jamais eu de chaînes, que de la place pour le désir, celui de participer à La Vie!

C'était un communiqué citoyen, en collaboration avec:

- le Réseau Libre des Référendums Populaires Planétaires [www. RLRPP. monde]
- le Réseau Laboratoires Libres de Synthétisation Algorithmique de l'Expressivité Populaire [www. RLLSAEP. world]
- le Réseau Libre des Traductions [www. RLT. mundo]
- le Réseau Libre de la Créativité Littérature & Poésie [www. RLCLP. welt]
- le Réseau Libre Pour la Culture Populaire sur la Bienveillance et la Conscience [www. RLPCPBC. ś wiat]
- le Réseau Libre d'Éducations Populaires Continues [www. RLÉPC. 世 界 ]
- le Réseau Libre des Propositions Spontanées Populaires [www. RLPSP. dunia]

Avec les soutiens locaux de (pour votre zone démographique):

- le Réseau Libre de Partage des Semences & Graines [www. RLPSG. graines]
- le Réseau Libre du Compagnonnage de la Construction & Rénovation du Logement [www. RLCCRL. logement]
- le Réseau Libre du Compagnonnage de la Permaculture & Permaforêt [www. RLCPP. perma]
- le Réseau Libre du Compagnonnage pour la Préservation de l'Eau [www. RLCPE. eau]
- le Réseau Libre du Compagnonnage Gestion des Vestiges Nucléaires [www. RLCGVN. safe]
- le Réseau Libre du Compagnonnage des Propositions d'Ouvrages [www. RLCPO. volontaire]

 
 
 

 

Créé par GabriL le 21/03/2018 | Evaluer ce scénario
Ecrire une suite ou une alternative à ce scénario | Commentaires (4)

 

 


Commentaires

Un instant

J'ai espéré que les liens donnés pour les Réseaux Libres soient valides. J'ai respiré très amplement après avoir lu ce scénario. Enfin une histoire qui pourrait avoir toutes les chances de se réaliser, et qui n'est pas dystopique. Riche, fluide, très sympa, elle donne l'espoir comme ce deuxième jour de printemps où elle a fleuri ici. Merci GabriL ;-)

Posté par L'épistéolienne le 30/03/2018


réponse à L'épisté

Si ça a pu apporter un instant de bonheur ou d'espoir à quelqu'un.e, alors c'est déjà ça de pris :-) Avec plaisir.

Posté par GabriL le 01/04/2018


Pour GabriL

Avec des amis, je dis souvent : "Quand on dit merci, il y a ceux qui répondent "De rien", et ceux qui répondent "Avec plaisir". Je vois ta réponse. Les petits mots qui disent beaucoup. :-)

Posté par L'épistéolienne le 03/04/2018


à l'épistéolienne

Effectivement, l'usage de ce "de rien" m'a toujours désappointée, tel un paradoxe, pour ne pas dire une aberration; c'est une réflexion intéressante. À y penser, je serais prête à parier que les "de rien" sont souvent les plus chers à payer ^^ ...peut-être est-ce là le coût de la frustration des déplaisirs. Alors que s'auto-rémunérer au plaisir est précisément ce qui en rend les fruits gratuits pour tou.te.s, tout comme dans cette nouvelle finalement :-)

Et que j'y pense, pour information: il y a en tout cas au moins un réseau libre qui existe déjà: Diaspora* . Rejoignez-nous ;-)

Posté par GabriL le 03/04/2018


 

 

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