EXPLORATEUR DU FUTUR:
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Bioshadow

 

 

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« Pourquoi, demande Plutarque, se voile-t-on la tête en adorant les dieux ? ». Pour croire qu'ils sont là, et qu'ils vont nous sauver.

2018. Le juge tourna le potentiomètre de l'halogène pour augmenter la lumière dans la pièce. Ses gros doigts potelés rappelaient ceux d'un bébé. Comme la luminosité se faisait plus vive, une fine pluie de bulles de savon avaient immédiatement mouillé son crâne lisse. Il fit glisser un mouchoir froissé à gros carreaux sur son front moite, laissant une traînée mate aux relents de Blenheim Bouquet. Puis le magistrat ramassa péniblement ses jambes difformes sous son grand fauteuil et s'éclaircit ostensiblement la voix.
« Plaidez-vous coupable au moins? », éructa-t-il. Son regard amblyope fixait confusément le banc des accusés. Dégénérescence rétinienne unilatérale. Il l'avait contractée à l'âge de deux ans et en voulait à la terre entière.
« Oui votre honneur, mais je vous le répète, c'est l'Agence Fédérale d'Evaluation de la Recherche qui m'a conduit à jeter à l'évier les fioles en ma possession. », répondit Barth Saint-Clair, posant la main sur le sac qui remuait à ses côtés. Il en profita pour fixer des yeux l'ampoule vissée au plafond et cligna bizarrement des yeux. Son complet gris foncé, dans lequel s'incrustait une chemise d'un blanc immaculé, lui allait comme un gant. Il y avait assurément du Corto Maltese dans cet homme, la casquette en moins, et du Sinatra aussi, dans ses jeunes années.
LE JUGE. « Pourquoi ne pas avoir informé l'Agence de vos découvertes, pourquoi ne pas lui avoir donné tous les détails ? ».
Barth Saint-Clair. « Découvrir Trichoplax obscurans a été l'œuvre d'une vie. Il n'était pas question que je livre à ce bataillon de technocrates le fruit de mes recherches, ils n'auraient pas été capables d'en voir l'intérêt, ni la beauté », jubila-t-il en toisant d'un regard stroboscopique les anciens collègues de son Institut qui avait fait le déplacement jusqu'au palais de justice.
LE JUGE. « Dans votre déclaration, vous avez indiqué avoir isolé et cloné le gène responsable de toute cette obscurité, est-ce exact ? »
Barth Saint-Clair. « Parfaitement, j'ai élucidé la réaction chimique qui a lieu dans les cellules de ces animaux. J'ai dû observer des milliers d'individus avant de trouver un mutant qui n'émette plus de lumière noire et partant de là, remonter jusqu'à l'enzyme qui me vaudra un jour le prix Nobel: l'obscurantine ! »
LE JUGE. « Pourquoi donc avoir introduit cette enzyme dans des bactéries ? »
Barth Saint-Clair. « Pour la surproduire évidemment, n'importe quel homme de l'art aurait fait la même chose. De façon à connaitre sa structure dans l'espace, qui promettait d'être unique en son genre. Comprenez-moi bien, la séquence de l'enzyme n'est pareille à aucune autre, la caractérisation de cette protéine allait révéler des merveilles ! »

2042. Le tunnel était bondé. Tous ces visages blafards ne revenaient toujours pas à ceux qui avaient connu l'ancien hémisphère. Au bout du tunnel, la minute de réconfort, celle qui valait que l'on attende son tour pendant de longues heures, sans même savoir si on allait pouvoir en profiter. Le marché noir et le deal allaient bon train dans ce dédale de couloirs sombres et infects. Certains y vendaient des LED vieilles de vingt ans, d'autres y perdaient la vie, le sourire aux lèvres, défoncés, ils avaient cru la voir, la lumière, la laiteuse. Mais son vrai dieu à lui, c'était toujours la science. Si seulement il avait pu y arriver. Mais comment aurait-il pu faire de là où on l'avait mis ? Sans équipement ni réactifs. Ses geôliers n'avaient pas été tendres non plus. Il avait fallu Baccio i mani et montrer patte blanche. Enfin, façon de parler. On l'avait dépossédé de tout. Sauf de son temps. Et il le trouva long.

LE JUGE. « Calmez-vous. Revenons un moment sur les circonstances qui vous ont amené à vous débarrasser de toutes vos souches bactériennes recombinantes en les disséminant dans la nature. »
Barth Saint-Clair. « Je m'en suis déjà expliqué. L'Agence m'avait notifié par courrier la fermeture immédiate de mon laboratoire, en me sommant de stopper toutes mes activités. "Projet tenu secret". "Personnalité paranoïaque du chef d'équipe". Foutaises ! C'est en réalité à eux que nous devons ce carnage ! Sans eux, je n'aurais pas, dans un moment de désespoir, jeté à l'évier ces bactéries mutantes ainsi que toutes mes cultures de Trichoplax obscurans. ». Saint-Clair n'était pas paranoïaque, mais souffrait d'un trouble obsessionnel compulsif très spécial, au sujet duquel les psychiatres avaient peiné à établir un diagnostic et une étiologie; comme de coutume en pareil cas, ils avaient simplement donné un nom au trouble, en l'affublant du patronyme de « TOC de Hegel ». Saint-Clair ne pouvait en effet s'empêcher de dialectiser, il retournait dans tous les sens, jusqu'à la lisière de la folie, toutes les données du quotidien, mêmes les plus évidentes. Il n'avait de cesse de bondir d'une notion à son contraire, de s'engourdir l'esprit dans un tourbillon d'oppositions binaires, cherchant en vain à polariser la réalité, à la grillager dans une matrice infinie d'alternatives. C'est d'ailleurs comme ça que lui était venue l'idée de la lumière noire, ou de l'obscurité éclairante si l'on préfère. Sa femme en avait bavé. Tant bien que mal, elle avait tenté de préserver leur fils. Saint-Clair avait de son côté trouvé une parade pour calmer son TOC: il fixait une lumière vive avant de fermer les yeux pour contempler des phosphènes. L'apparition de bouteilles de Klein fluorescentes sous ses paupières closes lui donnait le sentiment qu'il n'y avait plus rien à opposer; même si le truc ne marchait pas toujours, il lui arrivait parfois de souffler quelques minutes.
LE JUGE. « Vous dites pouvoir trouver un antidote ? Un vrai cette fois-ci ? Autre chose que ces bulles de savon gluantes qui servent pour l'instant à dissoudre votre animal? »
Barth Saint-Clair. « Oui. Dans son habitat naturel, Trichoplax obscurans n'est pas toujours noir: l'animal n'émet de l'obscurité que lorsqu'on s'approche de lui, ce qui explique pourquoi il n'a pas été découvert plus tôt, les fonds marins étant particulièrement obscurs. Mais j'avais très tôt remarqué que lorsque le danger s'éloignait, la forme benthique de ce placozoaire redevenait instantanément translucide. Il doit exister un inhibiteur, il-doit-exister un in-hi-bi-teur, je veux dire, l'enzyme émettant la lumière noire doit forcément être neutralisée par une autre activité cellulaire, ne croyez-vous pas ? ».
LE JUGE. « C'est moi qui pose les questions. Comment allez-vous procéder pour découvrir cet inhibiteur ? »
Barth Saint-Clair. « Je vais retourner à l'endroit où se trouvent les Trichoplax obscurans. Un peu de plongée me changerait les idées. Je les remettrai ensuite en culture dans mon laboratoire, je sais ce qu'il faut leur donner à manger, comment les amplifier. Quelques expériences simples de biochimie devraient ensuite nous livrer l'identité de l'inhibiteur. »

Il l'avait connu, lui, l'ancien hémisphère. Avant de se retrouver piétinant comme ces twenty-twenties translucides dans cet enchevêtrement de boyaux sombres et froids, à convoiter les entrailles de la Terre. Maintenant qu'il n'y avait plus les wagons, on y descendait à pied, il fallait des semaines, parfois des mois pour commencer à sentir la chaleur. Plus personne ne vivait en surface de ce côté-là de la planète. Qu'était devenue sa douce ? Et son fils adoré ? Peut-être faisaient-ils la queue eux aussi, quelque part. Ou bien avaient-ils gagné l'absolution en passant sous l'équateur. Dire que quelques années plus tôt, on pouvait encore s'envoyer des emails. Black is black. Et c'était par sa faute. Il craignit un instant que l'un de ses camarades d'infortune devinât son terrible secret. Fiat lux, et lux pfuit ? Négatif, la lumière n'avait pas fui, il l'avait congédiée, pour toujours, ou au moins pour un bon moment.

LE JUGE. « En attendant, comment faire pour ne plus vivre dans ce noir glacial qui nous a envahi par votre faute ? Vous rendez-vous compte de la catastrophe dans laquelle vous avez plongé la moitié de l'humanité et un hémisphère tout entier de notre planète ? ». La salle réagit mollement, quelques insultes fusèrent, un sifflement, des huées, rapidement calmées par les ricochets du marteau. L'obèse magistrat aimait exhiber sa férule et ses galons.
Barth Saint-Clair. « Je ne pouvais pas savoir que les bactéries mutantes allaient se propager aussi rapidement et coloniser tous les biotopes, y compris les particules flottant dans l'air. L'expression de l'enzyme doit leur conférer une sorte d'avantage sélectif. Il faudrait se pencher sur la question ».
« J'ai plutôt envie de vous faire arrêter » lâcha le Juge, la lèvre supérieure de plus en plus proéminente, diminuant la portance de l'épaisse moustache qui ornait son visage bouffi.
« Oui, mais… je suis le seul à connaitre certains secrets à même de nous sortir de ce cauchemar », fit Saint-Clair dans une grimace, sans y croire.
LE JUGE. « Cette histoire est sans queue ni tête, Mesdames et Messieurs les jurés s'impatientent, et je sens l'audience incrédule. Il est temps d'en finir. Avez-vous un moyen de nous prouver votre bonne foi ? »
Barth Saint-Clair prit un air offensé puis saisit le sac qui n'en finissait pas de remuer à sa droite. Il l'ouvrit lentement. L'assemblée retint sa respiration. Saint-Clair en sortit une chose noire et tremblotante qui avait les contours d'un rongeur, on aurait dit l'ombre d'une souris ou d'un rat, mais une ombre en trois dimensions, vivante, qui s'agitait. On entendit la salle frémir, puis Barth Saint-Clair lança d'un ton fier:
« Voici la première souris transgénique exprimant l'obscurantine ! Je l'ai obtenue il y a deux ans. Magnifique, n'est-ce pas ? Enfin, dommage que vous ne puissiez pas la voir, elle doit être impressionnée… ».
Le Juge, autant fasciné que dégouté, murmura un:
« Diantre… Cet homme n'est donc pas fou. » Redressant son dos sur sa chaise, il plaça une main sur l'autre, repliant ses doigts boudinés, on croyait voir deux escargots montés tête-bêche. La bêtise le rendait digne.
Barth Saint-Clair. « Bien sûr que je ne suis pas fou ! Il ne manquerait plus que ça. Rendez-vous compte, en identifiant une protéine qui produit de la lumière noire, le biologiste que je suis n'a pas seulement fait une découverte majeure en sciences naturelles, mais également en physique. On m'a déjà questionné sur le fait que nos yeux pouvaient voir la lumière noire, c'est sûr qu'il doit exister des opsines qui lui sont sensibles, mais ce n'est pas là le point le plus important; ma découverte est en réalité une énigme pour la physique ! On a toujours pensé que l'obscurité était l'absence de luminosité, mais la voilà maintenant dotée de sa propre énergie, de sa propre lumière ! Quelles sont les propriétés de cette lumière noire ? A quelle vitesse se déplace-t-elle ? Est-elle constituée de photons ? Pourquoi est-elle froide ? Reconnaissez mon génie au lieu de vouloir me porter au bûcher comme Galilée ! ». C'est que Saint-Clair n'en était pas à sa première trouvaille. A l'époque de sa recherche mainstream, il avait publié dans les plus prestigieuses revues scientifiques des preuves irréfutables montrant que la bonne fortune d'un individu était corrélée à la qualité de son microbiome. Exit l'astrologie et la divination, depuis les liseuses de tarot s'étaient toutes reconverties dans les tests de flore microbienne.

Avant, la Terre était blonde. Parce que le soleil l'irradiait. Mais de toute blonde, elle avait viré moitié au noir. Et pas que de nuit. Un grain de beauté intégral casquait son hémisphère nord. Sûr qu'à certaines heures on ne pouvait plus la voir de la Lune. Sûr aussi qu'elle pouvait tenir comme ça encore longtemps, cette moitié de la Terre, malgré la mousse et la noirceur. Ses habitants, c'était moins certain. Toutes ces galeries allaient finir par devenir des mouroirs souterrains dans leur partie superficielle, et des fours crématoires en profondeur. Les nations en étaient réduites à venir se brûler les ailes à proximité des laves telluriques. On n'en était pas au manteau, mais c'était tout comme. Les Textes avaient raison, les damnés seraient conduits en enfer, sauf qu'ils s'y rendaient pour s'y réchauffer. Quinze ans de labeur pour fabriquer ce gruyère, la croûte était percée de part en part. Parfois la lave montait d'un coup, et c'était une ville entière qui disparaissait. Et le Messie qui n'en finissait pas de se faire attendre. Il devait se la couler douce de l'autre côté, sous l'équateur. Il pria pour que sa créole caribéenne et son petit rubis aient réussi à s'y rendre eux aussi. Il se tint la tête des deux mains, en psalmodiant ce vieux psaume qu'il détestait: « It's better to burn out than to fade away ». Saint-Clair riait sans bruit, pleurait sans larmes, aimait des souvenirs, un instant il se crût dans le cinquième état de la matière, mort.

LE JUGE. " Calmez-vous Barth, les travaux de Galilée ne nous ont pas plongés dans le noir, ni dans le froid. Vous permettez que je vous appelle Barth ? L'ironie de la situation m'empêche de vous appeler par votre nom. Escortez s'il-vous-plait ce Monsieur jusqu'à son laboratoire. Celui-ci sera sa prison jusqu'à qu'il nous délivre de l'obscurité ». Les jurés acquiescèrent. Le Juge arbora un rictus de contentement, son rêve de goulag planétaire prenait forme: les coupables (la plupart des accusés) étaient surveillés à leur domicile ou à leur boulot par son affreuse milice juridictionnelle, et ils devaient tout raquer, depuis les bulles de savon s'ils souhaitaient avoir la lumière jusqu'à l'air conditionné et les aliments de synthèse.
On entendit retentir le marteau du Juge et la salle se vider progressivement. Quand tout le monde fut sorti, on put apercevoir dans un angle une petite souris blanche. Elle ne tremblait plus de froid, et n'avait plus peur. On pouvait la voir en train de dévorer un reste de Milky Way, ses vibrisses fouillant l'air vicié du prétoire, tel un robot à moustaches.

D'étranges formes de vie avaient pullulées là-haut, de São Tomé à Reykjavík. Et ce n'était pas des sirènes, bien qu'il les ait cherchées, au moins autant que sa petite famille. Fantasme d'impénétrabilité, elle était peut-être là la sortie du duel. De toute façon, on ne s'en échappera ni par le Un, ni par le Trois et le multiple. Balivernes. La seule façon de se sortir de la dualité, c'est de ne pas y entrer. Maudit TOC. Trichoplax obscurans clarens. Personne ne savait pourquoi ce chiendent n'avait pas pris en dessous, laissant une moitié de la Terre hors des ténèbres et l'autre totalement biodégradée. Au début, il s'était expliqué la disparition des espèces par le suicide. C'était sans compter tous ces animaux devenus invisibles, dont la morsure guettait n'importe où dans cet invivable terrier. Cette migration génique n'avait pas pu être prévue. Prévue, non. Mais décidée par lui, oui. Les mercenaires du juge étaient à ses trousses, il se savait traqué et n'avait qu'une seule chance de salut. Ce fut sa dernière manipulation, son ultime coup de génie génétique. Meilleur qu'à son époque burlingue – bourlingue. Chaque cellule de son corps exprimait maintenant la protéine. Il était terrifié comme tous les autres. Mais lui, on ne le voyait pas dans ce tunnel opaque, tant il dégoulinait d'obscurantine par tous les pores de sa peau. Son angoisse et sa peur le rendaient invisible. De son vivant, il avait réussi à disparaitre. Pudiquement. Timoré certes, mais en état de chic. Et le monde n'allait pas tarder à en faire de même. « Amor Fati » se dit Saint-Clair, en fixant le liquide orange en ébullition, tout en bas. La chaleur était maintenant insoutenable. Peu importe, le phosphène en valait le coup.

Epilogue: Des accomplissements majeurs et imprévisibles peuvent naitre d'erreurs et de contingences. Avec sa catastrophe, Saint-Clair avait préparé et rendu inévitable l'exode d'humains sur d'autres corps célestes. Comme les habitants de l'hémisphère sud de la Terre s'étaient ligués pour ériger une ligne infranchissable au niveau de l'équateur (alors qu'ils ne risquaient rien), les résidents de l'hémisphère nord avaient été contraints de puiser dans leurs ressources créatives pour s'émanciper des conditions de froideur et d'obscurité dans lesquelles ils étaient empêtrés. Ils avaient exploité la chaleur magmatique rendue disponible par leur programme intensif de forage pour faire décoller des fusées d'une taille gigantesque. En seulement deux décennies, les pionniers avaient su faire fructifier la Lune. Et les lunaires étaient tous des variants génétiques exprimant l'obscurantine, comme Barth. Bien leur en fît: on s'était rendu compte que Trichoplax obscurans ne produisait pas seulement de l'obscurité, mais également de l'air et de l'eau à partir d'une source inconnue. C'était d'ailleurs ce qui faisait mousser le savon utilisé pour le solubiliser. La civilisation lunaire découvrit un peu plus tard que la matière et le psychique n'étaient pas dissociés, et comprit que l'obscurantine métabolisait des émotions et des pensées. Comme leurs aïeuls émettaient de la lumière noire à la moindre anxiété, les lunaires s'étaient aussi très tôt préoccupés d'élaborer un programme de psychologie positive pour vivre plus joyeux. Les Sélénophiles d'aujourd'hui n'ont pas de livre sacré, ne connaissent pas le TOC de leur Saint-Clair adamique, et ont naturellement évolué vers un panpsychisme plein de promesses. La lignée de leurs ancêtres terrestres est aujourd'hui éteinte. De s'être tant construite sur des oppositions, l'humanité aurait pu se douter que les choses allaient se développer de la sorte. What's within, so without.
 

 

  
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