EXPLORATEUR DU FUTUR:
CHICO

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Raconte nous une histoire grand père !

 

 

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Assis sous le majestueux manguier qui trône au centre de la place de notre communauté, je profite souvent de ces heures plus fraîches de fin d'aprés midi pour savourer l'herbe que nous produisons et regarder la beauté de notre monde. J'appelle cela « regarder pousser les arbres ».
Les enfants aussi aiment ce moment et se joignent souvent à moi pour savoir ce que la vie m'a enseigné.
- Quelle genre d'histoire vous voulez entendre ?
- Une qui fait peur !
- Hum, d'accord, je vais vous raconter une terrible histoire. C'est notre histoire, celle qui nous a permis d'être ici maintenant.
- Mais elle fait vraiment peur ton histoire ?
- Oui, elle fait très peur, et rien que d'y penser, je tremble à imaginer ce qui aurait pu nous arriver...
- Alors vas-y grand père !

- C'était il y a bien longtemps, autour de 2010. J'étais encore jeune. En ce temps là, nos activités s'appelaient « travail », un mot qui auparavant désignait un suplice. C'est vous dire comme la plupart des gens n'étaient pas très heureux dans leurs activités.
- Mais si les gens n'étaient pas heureux, pourquoi ils ne changeaient pas d'activités ?
- Ah, ce n'était pas facile de faire ce qu'on voulait à l'époque. On était obligé de travailler, c'est comme ça qu'on disait, pour gagner de l'argent qu'on pouvait échanger contre de la nourriture, des vêtements, enfin contre tout ce dont on avait besoin. Alors on travaillait pour les autres en faisant souvent des choses inutiles. Comme il n'y avait pas de travail pour tout le monde, on était bien content quand on en avait un, parce que sans travail, on n'était plus rien, on ne pouvait plus se nourrir et les autres ne nous voyaient même plus.
Ce qui était important dans ce temps là, c'était l'argent, et sans argent, on ne pouvait plus vivre. Le seul moyen de gagner de l'argent, c'était de travailler. On appelait d'ailleurs ça « gagner sa vie ».
- Gagner sa vie ! ? C'est débile ! La vie on la gagne quand on naît ! ! !
- Oui, tu as complètement raison, mais à cette époque, on faisait presque tout de travers, on n'avait pas compris grand chose.
Par exemple, on mangeait de la nourriture qui était fabriquée dans des usines avec des produits chimiques qui provoquaient tout un tas de maladies. Dans les villes, il était très difficile de trouver un fruit savoureux. J'ai eu plusieurs amis qui sont morts de ces maladies.
Il y avait bien ce qu'on appelait l'agriculture, mais là aussi il nous fallait des produits chimiques pour faire pousser les salades, les légumes, les fruits, et même pour nourrir les animaux. Et cette agriculture appartenait seulement à quelques personnes très riches, je veux dire qui avaient beaucoup d'argent, et tout le monde devait payer pour pouvoir manger. Et ces gens qui avaient beaucoup d'argent voulaient toujours en avoir plus, alors ils faisaient travailler les autres en échange d'un peu d'argent. Ils créaient des emplois, alors tout le monde les trouvaient importants et faisaient tout ce qu'ils voulaient qu'on fasse: couper les forêts, salir les rivières, tuer... Enfin ils nous obligeaient à faire plein de choses terribles. Il y avait beaucoup de guerre à cette époque parce que ces gens là gagnaient de l'argent en faisant tuer les autres. L'argent était beaucoup plus important que la Vie.
Ils nous faisaient aussi fabriquer des tas de choses inutiles ou alors qui se cassaient très vite pour pouvoir vendre toujours plus et gagner de l'argent. On pouvait faire la queue pendant des heures pour être parmi les premiers à acheter le dernier modèle de téléphone juste parce qu'il était nouveau avec une couleur différente. Mais ça leur faisait gagner de l'argent. Avec cet argent, ils devenaient toujours plus puissants et faisaient ce qu'ils voulaient sans se préoccuper des autres. Les banques étaient des endroits qui gardait l'argent. Elles en avaient vraiment beaucoup, presque tout l'argent qui existait. Ah, si on avait partagé, tout le monde aurait pu vivre heureux... Alors les banques, avec tout leur argent, prêtaient à ceux qui en avait besoin et qui étaient très nombreux, c'était 99% de la population. On disait qu'elles prêtaient, mais ce n'était pas le bon mot, en fait elle vendaient l'argent.
- Vendre de l'argent ? ? Mais ça n'a aucun sens grand père !
- Ça, je ne te le fait pas dire ! !
Voilà comment ça fonctionnait: si on avait besoin d'argent pour se soigner par exemple...
- Pourquoi les médecins ne soignaient pas les gens sans argent ?
- Non, il fallait payer pour tout, pour se soigner, mais aussi pour habiter dans une maison, pour l'eau qu'on utilisait pour boire, faire à manger ou se laver, pour les fruits et les légumes. Il fallait même payer pour que ceux qui dirigeaient tout fassent nettoyer les ordures, entretenir les routes, les écoles, les hôpitaux, toutes les choses de la responsabilité de tous. Mais ils ne le faisaient pas, et les 99% devaient quand même payer. On appelait ça les impôts. Il y avait même des impôts pour qu'on ait le droit de travailler et de gagner un peu d'argent pour vivre. C'était les impôts sur le revenu.
Je vous l'ai dit, l'argent était la chose la plus importante !
- Mais c'est horrible, grand père !
- Vous m'avez demandé une histoire qui fait peur, non ?
Mais revenons aux banques. Si tu avais besoin d'argent, tu allais à la banque et tu pouvais en obtenir... en payant. Disons que si j'avais besoin de 100 écus, la banque me vendait cette somme pour 110 écus, ou 150, 300... Donc pour avoir 100 écus, il me fallait beaucoup plus. Nous étions tous maintenus dans cette situation de débiteur, on devait toujours de l'argent à quelqu'un, alors on acceptait n'importe quel travail pour être sûrs de recevoir tous les mois un peu d'argent pour payer nos dettes, pour pouvoir survivre.
Comme on ne pouvait pas produire notre propre nourriture, nos habits ni en fait tout ce dont on avait besoin pour vivre, on était devenu complétement dépendants de ces gens qui ne pensaient qu'à gagner toujours plus d'argent. Nous n'étions plus propriétaires de nos vies.
- Moi je trouve que c'est des fous furieux ces gens là !
- Tu sais, moi je les appelais des psychopathes, mais la plupart des gens trouvaient ça normal, alors je ne le disais pas trop, on me prenait pour un fou.

- Mais la situation est devenue impossible sur toute notre planète. Des pays entiers ont sombrés dans la misère, avec les gens qui ne pouvaient plus survivre. On coupait de plus en plus de forêt pour prendre les minerais, ou pour fabriquer de la nourriture, on salissait de plus en plus les rivières et les mers, même l'air devenait irrespirable. Certainement ils pensaient créer un impôt pour que nous ayons le droit de respirer un peu d'oxygène. Des millions de gens n'avaient plus aucun endroit où aller, des peuples entiers disparaissaient, des peuples des forêts, des steppes, de la mer ne pouvaient pas survivre sans forêt, steppes ou mers. Et pour compliquer le tout, le climat de toute la planète devenait violent et instable par manque de forêt et d'océans propres. Il y a eu des cyclones, des sécheresses, des innondations, des tremblements de terre... Gaïa était malade et avait de la fièvre, et c'est nous les hommes qui avions rendu malade notre Terre Mère.
On n'arrivait plus à produire de la nourriture pour tout le monde, et de toutes façons, tout devenait de plus en plus cher et on avait de moins en moins d'argent.

Alors il y a des gens qui ont commencé à cultiver leurs jardins. Ils étaient peu nombreux au début, mais petit à petit, les voisins ont trouvé l'idée bonne et s'y sont mis aussi. Dans les villes, on voyait de plus en plus de potagers, sur les toits, les balcons, sur les places et dans les jardins publics... Il y en a qui ont installé des ateliers pour que tout le monde puisse réparer ce qui était cassé ou fabriquer des meubles, des machines, des outils, des vêtements, des jouets...
Peu à peu de plus en plus de gens se sont organisés et reprenaient le contrôle de leur vie. Ils achetaient de moins en moins et échangeaient beaucoup plus. Des objets, mais aussi des idées, des amitiés... Les gens recommençaient à se parler, à se connaître et à s'apprécier.
Mais notre vie était toujours très difficile, nous sommes restés dépendants du 1% pendant encore de longues années.

Un jour, un énorme scandale a éclaté et cela a ouvert les yeux de beaucoup de gens. Il y a eu des millions de morts en raison d'un empoisonnement par la nourriture. Il y avait une très grosse industrie qui fabriquait des graines stériles qui ne pouvaient pousser qu'avec des produits chimiques dangereux. Et beaucoup de gens ont été empoisonnés. Ça a été un déclic. Avant, il y avait bien les guerres qui tuaient des millions de gens chaque année, ou les pays pauvres avec leurs famines, mais la plupart des gens de la planète ne se sentaient pas concernés: ils avaient déjà du mal à vivre pour payer leurs dettes et acheter tout ce qu'ils voulaient, ils ne pouvaient pas être solidaires des autres.
Mais cette fois ci, l'empoisonnement a touché tous les pays et principalement les pays riches où les gens achetaient leur nourriture dans des grands magasins. Tout le monde a pris peur, on ne disait plus bon appétit mais bonne chance avant de se mettre à table. On a commencé à acheter beaucoup moins de nourriture et ces grosses entreprises n'arrivaient plus à vendre. Elles ont fermé en privant de travail beaucoup de gens. De plus en plus de gens n'avaient plus d'argent pour vivre, ni pour acheter quoi que ce soit. D'autres entreprises ont dû fermer elles aussi, augmentant le nombre de gens qui n'avaient plus rien. On était rentré dans un cercle vicieux de déchéance, plus rien ne fonctionnait.
Il y a eu des desespérés qui attaquaient tout le monde pour réussir à se procurer quelque chose. C'est une époque où on a vecu de terribles violences et beaucoup en sont morts. Il pouvait être très dangereux de sortir de chez soi, et on pouvait même être attaqué dans sa propre maison.

Mais il y avait aussi ce que les gens avait mis eux même au point: des potagers communautaires, des hackerlands, des cliniques solidaires, des coopératives, des ateliers autogérés, des mini-centrales électriques solaires, éoliennes ou de biomasse, des centres communautaires de recyclage... Bref on était en train d'inventer autre chose qui essayait d'émerger et de fonctionner dans ce chaos généralisé.
Dans les campagnes, on s'est mis à restaurer les sols et à planter des arbres. La permaculture a permis de produire des aliments de bonne qualité sans détériorer les sols ni l'eau. On a aussi commencé à utiliser d'autres matériaux pour fabriquer ce dont on avait besoin.
Mais tout ça a pris du temps, ce n'est que vers 2040-2050 qu'on a commencé à ne plus vivre dans la peur de la violence ou de la faim.
- Cette histoire est vraie grand père ? Moi, j'aurais pas aimé vivre comme ça, j'arrive pas à comprendre comment c'est possible de ne pas pouvoir cueillir un fruit pour le manger... Et comment l'argent peut être la chose la plus importante. Pour moi, le plus important dans la vie, c'est la vie.
Mais grand père, comment tu as fait toi pour vivre comme ça ?
- Ça, je vous le raconterai une autre fois. Il se fait tard et demain je dois me lever tôt pour cueillir le bambou pour faire la maison de Amarante et Chico qui ont décidé de vivre ensembles.
Bonne nuit les enfants, mais ne faites pas de cauchemar, ce que je vous ai raconté c'est du passé, maintenant nous avons compris ces absurdes erreurs.
- Bonne nuit grand père, toi non plus ne fais pas de cauchemar avec tout ces vieux souvenirs. Quand tu auras cueilli tes bambous, on ira se baigner dans la rivière ?
- Oui les enfants, demain on continuera à être heureux parce que c'est pour ça qu'on est vivant.
 

 

  
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