Scénarios arborescents
Arborescence du scénario 11956

A la recherche de la prévision parfaite

Dans les jours qui suivirent, il retrouva l’ ordinateur de son père, une tour avec un écran plat. Estimant l’ engin trop encombrant, il copia le logiciel sur une clé USB et l’ installa sur son propre ordinateur portable. L’ interface graphique du programme était des plus austères. Il fallait entrer des paramètres dans des champs intitulés par des lettres. Il lui fallut plusieurs jours de recherches dans les notes de son père pour comprendre à quoi cela correspondait. Chaque champ principal ou parent correspondait à un ensemble (Economie, Société, Science, Technologie, Politique), plusieurs champs enfants reliaient chaque champ principal.

L’ Economie se décomposait ainsi: Finance, Industrie, Service, Agriculture, Economie quaternaire.

La Société comprenait les évolutions dans les domaines de la Démographie, la Sociologie, la Psychologie, la Philosophie, la Culture, l’ Histoire.

L’ ensemble Science comprenait toutes les découvertes faites dans des domaines variés tels que les Mathématiques, la Chimie, la Physique, la Biologie, la Mécanique, l'Optique, la Médecine, l'Astronomie, l'Archéologie, etc.

La Technologie désignait les applications des découvertes scientifiques dans l’ économie réelle et virtuelle. Les champs enfants reprenaient ceux des trois autres champs parents.

La Politique se divisait en régimes politiques: Monarchie, République, Démocratie, Fascisme, Théocratie-Hiérocratie, Anarchie, Despotisme.

Les sous-catégories des cinq grands ensembles étaient eux-mêmes divisés en sous-catégories, etc. Chaque sous-ensemble était accompagné d’ un code sous forme de lettres parfois accompagnées de chiffres. Chaque indicateur et information récolté par le logiciel-pisteur pouvait être converti en chiffres et donné le niveau d’ une sous-catégorie. Ce travail de calcul était réalisé par le logiciel de projection économique. Par exemple, si le CAC40 avait évolué de 2% tel jour et avait atteint 4450 points, le logiciel récupérait ces informations, les convertissait en données, ce qui révélait le niveau du champ « CAC40 » transformant le champ « Bourse » faisant évolué lui-même le champ « Finance » relié au champ parent « Economie ». Le niveau du champ Economie variait ainsi imperceptiblement. Si le nouvel indicateur est une information ou un événement, par exemple « victoire des conservateurs aux élections américaines », cette nouvelle est convertie par le logiciel de projection en chiffre dans le champ « Parti politique » faisant évolué le champ parent « Démocratie américaine », puis le champ « Démocratie » avant de faire bougé de manière imperceptible le champ « Politique ».

L’ ensemble des cinq grandes catégories alimentaient le champ parent principal se prénommant « Projection économique ».

Quentin comprit que les chiffres dans ce champ désignaient le niveau total d’ un seul type de projection, celle de l’ Economie mondiale. Or, s’ il avait bien compris les explications de son père, sa grand-tante cherchait à prévoir aussi bien l’ ensemble que le particulier, le court comme le long terme. Ce que proposait le logiciel était une information limitée. Le chiffre, ou niveau, que donnait le programme, après déchiffrage et interprétation, ne permettait de ne se projeter que dans le court terme et de manière uniquement global. Bien qu’ il n’ était pas mathématicien comme son père, il se sentait capable de rechercher un nouveau mode de calcul ou un nouveau champ enfant ou parent à insérer dans le calcul global. Son travail en tant qu’ astrophysicien lui permettait d’ envisager les choses dans leur ensemble et à étudier les systèmes complexes. Ce genre de défi lui convenait totalement. A croire que le goût des énigmes est un atavisme, pensa-t-il.

Durant les années qui suivirent, il s’ efforça de trouver la variable manquante, étudiant dans le même temps les notes de son père et de sa grand-tante. Ce temps de recherche et d’ étude lui permit de constater l’ efficacité du logiciel. Sur un an, l’ écart entre la croissance mondiale effective et celle calculée par l’ ordinateur un an plus tôt était de 0, 00001%. Si cette marge d’ erreur aurait satisfait n’ importe quel institut statistique, elle était trop grande pour Quentin. Sur une décennie, avec l’ effet papillon et domino, cet écart pouvait aller jusqu’ à 0, 1% et l’ erreur pouvait même monter à 90% sur un siècle.

Lors de ses moments de découragements, il abandonnait ses recherches, préférant passé du temps avec sa femme et sa fille. Tout comme son père avant lui, il ne passait plus d’ une ou deux heures par jour à la recherche de l’ algorithme parfait.

Un jour, il retrouva la trace de l’ ami informaticien de son père, celui qui avait créé le logiciel-pisteur et le logiciel de projection économique. A force de persuasion, il parvint à le convaincre d’ améliorer le logiciel en rajoutant des projections sur du long terme et de varier les types de projections. L’ idée était d’ ajouter aux projections économiques globales, des projections par pays et, pourquoi, obtenir des projections sociales, politiques, scientifiques et technologiques. L’ homme accepta le projet, finalement ravi d’ aider le fils de son ami et d’ avoir trouvé un moyen d’ égayer sa vie de retraité.

Au fil du temps, le logiciel améliora ses performances. L’ interface graphique était plus intuitif, les nouveaux indices de projections pouvaient être sélectionnées selon le pays souhaité, selon le nombre d’ années souhaitées (sur 1 an, 2 ans, 5 ans, 10 ans, etc). En revanche, s’ il était possible d’ avoir une projection sur un autre domaine (Economie, Société, etc) révélant ainsi qu’ il a aura un changement à une période donnée, il était impossible de savoir avec certitude la nature de ce changement. Il était en effet impossible de prévoir quelle nouvelle technologie allait être crée, ni qu’ elle découverte scientifique, ni même quelle décision politique aurait fait évoluer la société, tout juste saurait-on si cela sera positif ou non. Seul le domaine Politique pourrait être plus facilement interprétable. On saurait si un Etat se dirigerait vers un régime politique donnant plus ou moins de liberté.

Grâce aux cours de José, l’ ami informaticien de son père, Quentin rajouta de nouveaux champs qui rétrécirent davantage la marge d’ erreur de projection. Désormais, une projection sur un an avait un écart de 0, 110%, soit une marge d’ erreur de 50% sur un siècle.

Puis, tout comme son père, une lumière jaillit de son esprit alors qu’ il lisait deux articles, l’ un sur un barrage qui a cédé au Brésil, libérant des quantités phénoménales d’ arsenic et d’ autres métaux lourds dans l’ un des plus grand fleuve du pays, et l’ autre sur une vidéo publiée par la NASA, montrant l’ influence des courants marins et aériens dans l’ ensemble du globe terrestre. Il venait de découvrir le 6ème grand ensemble qu’ il manquait pour prévoir la venue des papillons mettant en péril toute prévision: l’ environnement.

Il se souvint d’ un article de Science et Vie datant de janvier 2016 expliquant que trois spécialistes de l’ économie de l’ environnement avait découvert la température optimale pour l’ économie. Il s’ agirait d’ une loi universelle démontrant que la productivité d’ un pays dépendrait de son climat. Selon les données historiques, un pays atteindrait le maximum de sa productivité avec une température moyenne annuelle de 13°c. En dessous et au-dessus de cette température, la productivité baisserait. A l’ époque, il n’ y avait pas prêté attention, étant donné qu’ il venait de perdre sa mère. Mais aujourd’ hui, cela tombait sous le sens.

Il s’ empressa d’ imaginer les sous-catégories de ce nouveau grand domaine. L’ Environnement serait décomposé ainsi: Climat, Ressources Naturelles et Energie, Ecosystèmes, Pollution.

Sitôt ces nouveaux paramètres notés, il créa les champs avec l’ aide de José. Ces nouvelles données rétrécirent, de manière drastique, la marge d’ erreur sur un an à 0, 1100%, ramenant ainsi la marge d’ erreur sur un siècle à 10%.

La prise en compte des changements environnementaux lui permit de mieux comprendre les changements brusques de phases économiques sur le long terme.

La création régulière de nouveaux champs dans le domaine Environnement finit par rendre les prévisions presqu’ exactes avec une marge d’ erreur sur un an de l’ ordre de 0, 11000%. La marge d’ erreur sur un siècle passait à 1%.

Depuis 15 ans qu’ il était parti dans cette quête, il commençait à penser que l’ algorithme parfait ne pouvait pas exister. Une marge d’ erreur existerait toujours, même si elle était infinitésimale. Il estimait qu’ 1% d’ erreur sur un siècle était le plus petit écart qu’ il pouvait trouver. En s’ amusant à trouver la marge d’ erreur sur un millénaire, il découvrit qu’ elle passait à près de 99, 99%, ce qui était loin d’ être précis. Il continuerait donc à chercher l’ exactitude parfaite, même s’ il avait le sentiment d’ avoir atteint son but.

Une question commençait à le tarauder. Qu’ allait-il faire de cette technologie une fois qu’ il estimerait qu’ elle serait bonne à être utiliser ? Déposerait-il un brevet qu’ il vendrait ensuite au plus offrant ? Créerait-il une start-up et proposerait-il ses services en tant que prévisionniste en économie, science ou autre pour des entreprises privées, publiques ou pour des Etats ? Il chassa une idée furtive d’ utiliser les talents de la machine pour prévoir les évolutions de la Bourse et s’ enrichir. Cela serait non seulement malhonnête et risquerait de bousculer les prévisions. Tout enrichissement grâce aux prévisions risqueraient de créer de nouveaux papillons et faire basculer les phases économiques de manières chaotiques.

Il finit pas se donner un objectif: Atteindre une marge d’ erreur de 50 % sur un millénaire, ce qui ramènerait celle-ci à 0, 110% sur un siècle. Ainsi, ses prévisions sur les prochaines décennies seraient exactes, bien qu’ un ou deux papillons aux conséquences marginales pourraient toujours échapper à la machine. Lorsqu’ il aura créé sa start-up, son équipe aura comme principal tâche de trouver et rajouter continuellement de nouveaux champs en compléments afin de s’ approcher toujours plus près de la prévision parfaite.

En attendant, il devait rendre visite à José pour lui soumettre sa dernière idée qui, à coup sûr, allait encore réduire le goulot d’ étranglement de la marge d’ erreur: créer un module d’ apprentissage au logiciel afin qu’ il puisse repérer, dans les corrélations historiques anciennes et récentes, les conditions de naissance des papillons et ainsi les prévoir dans le court, moyen et long terme…

Créé par Schopen le 09/03/2016 | Evaluer ce scenario
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Les tentations boursières

Valérie sécha ses larmes et lut le message de son père.

« Ma chère Valou,

J’ espère que tu ne liras pas cette version de ma lettre. Mais si c’ est effectivement le cas, sache que ce que tu as trouvé sur cet ordinateur portable est un secret de famille qui date de près d’ un siècle (95 ans, au jour où j’ écris ce message).

La tante de ton grand-père, ton arrière-grand-tante, avait acquis la conviction que les phases d’ expansions et de récessions économiques pouvaient être prévisibles via les mathématiques… »

Valérie lut l’ extraordinaire odyssée familiale. Elle découvrit l’ avancée des travaux sur les projections économiques sur trois générations. Son père lui avait vaguement parlé de ses recherches personnelles, préférant lui relater les dernières découvertes en matières d’ astronomie.

Elle ne put retenir ses sanglots après avoir lu ses derniers mots.

« Grâce à José, je crois avoir pratiquement trouvé l’ algorithme parfait. Le module d’ apprentissage a permis de réduire la marge d’ erreur des prévisions sur un millénaire à 0, 1%. Et, pour la première fois, je n’ ai pas besoin de rajouter des champs pour réduire cet écart, l’ intelligence artificielle repère les nouveaux papillons et améliore d’ elle-même l’ efficacité des prévisions. Je crois qu’ il est temps pour moi d’ embarquer vers une nouvelle aventure et de réaliser le rêve de ma grand-tante.

Après m’ être renseigné à la chambre de commerce, je démissionnerais de mon poste au CNRS et créerais ma start-up. Je crois que je vais l’ appeler: « Oracle STEPES ». Le nom renverrait aux 6 domaines de projections (Société, Technologie, Economie, Politique, Environnement, Science).

Si, malgré tout, ce texte est la version que tu liras, sache qu’ il y a un diaporama qui t’ expliquera comment fonctionne le logiciel-pisteur et le logiciel de projection (logiciels. pptx). Je t’ ai également mis à disposition des cours de programmation afin que tu puisses toi aussi apprendre à modifier le logiciel de projection et y rajouter des champs (tout les fichiers sont dans le dossier « Cours de programmation »). Pour finir, tu trouveras ci-dessous les coordonnées de José qui t’ aidera à améliorer les performances du programme.

Continue tes études.

Une fois que tu auras ton diplôme en poche, si tu souhaites poursuivre le rêve de ton père et de ses aïeux, va à la chambre de commerce et crée la start-up. Si tu ne t’ en sens pas capable ou que tu souhaites faire une carrière de biologiste, trouve quelqu’ un d’ honnête en qui tu as confiance et remet le projet à cette personne qui en fera, je l’ espère, bon usage.

Je t’ aime.

Papa. »

Elle n’ eut pas la force de lire l’ adresse de l’ informaticien, trop éprouvée par les événements qu’ elle avait vécu durant ces 2 dernières semaines.

Son père et sa mère avaient trouvé la mort dans un accident de voiture, alors qu’ ils venaient lui rendre visite dans son studio de Rennes, tout près de l’ université.

Son oncle et sa tante l’ avaient aidé à préparer les funérailles et à faire toutes les démarches administratives à posteriori.

C’ était dans l’ appartement parisien qu’ elle avait trouvé les logiciels ainsi que toutes les informations du dossier « projections économiques » avant de découvrir le fichier texte de son père.

Elle n’ avait pas envie de retourner à la faculté. Elle était en arrêt depuis deux semaines et devait reprendre les cours le surlendemain. Elle n’ avait pas encore commencé le traitement du médecin pour la dépression, préférant prendre quelques calmants afin de pouvoir faire ses heures de sommeil la nuit. Elle connaissait les bienfaits des cycles du sommeil sur le système immunitaire et savait pertinemment qu’ ils pouvaient prévenir les problèmes de santé tels que la dépression.

Elle retourna, finalement, à l’ université de Rennes après un mois d’ absence. Durant ses études, elle rencontra un charmant étudiant qui réussit à lui redonner goût à la vie.

Sa bourse d’ étude n’ était pas suffisante pour couvrir l’ ensemble de ses dépenses en loyer, nourriture, transport et sorties avec ses camarades et son compagnon. N’ ayant plus ses parents pour la soutenir financièrement, elle se résolut à utiliser le logiciel de son père pour suivre les évolutions de la bourse dans le but d’ acheter et de vendre des actions au bon moment. En descendant dans l’ arborescence « Economie » -> « Finance » -> « Bourse » -> « CAC40 », elle découvrit que les champs enfants de cette dernière catégorie comportaient les différents secteurs économiques faisant partie de cet indice boursier et qu’ à l’ intérieur de ces secteurs apparaissaient les noms des 40 entreprises du CAC. Cependant, les prévisions de l’ Intelligence Artificielle ne pouvaient aller en dessous de la limite d’ une année. Elle avait besoin de connaître des prévisions de très court terme de l’ ordre du mois, voir du jour suivant. L’ apprentissage de la programmation informatique prenait trop de temps à être assimilé. Elle n’ avait d’ autre solution que de faire appel à José, l’ ami de son père et grand-père.

Sa négociation téléphonique avec le vieil homme fut difficile. Il n’ aimait pas l’ idée de réduire les prévisions sur le très court terme. Le but de cette recherche était de se projecter sur des décennies, des siècles, des millénaires, pas sur quelques jours. Elle tenta de se justicier en évoquant l’ idée de son arrière grand-tante qui était de comprendre le court terme pour envisager le long terme. Elle émit l’ idée selon laquelle plus on aurait de données sur le court, voir le très court terme, plus précises seraient les prévisions de long terme.

Les explications de cette volonté de changement ne convainquit pas l’ informaticien. Il la soupçonnait de vouloir gagner de l’ argent facilement en spéculant sur les cours de la Bourse. Valérie dut se résoudre à expliquer la véritable raison. Elle perdit à cet instant le contact avec José, préférant raccrocher plutôt que de participer à un détournement pervers des projections économiques.

Les jours passants, et alors que la jeune femme commençait à perdre l’ espoir de pouvoir poursuivre ses études, elle reçut un appel de José. Ce dernier s’ excusa de son comportement et proposa de la rencontrer afin de faire plus amples connaissances. L'étudiante expliqua qu’ elle ne pouvait se rendre chez lui, faute de moyens pour le transport. L’ informaticien la rassura en lui annonçant qu’ il viendrait par ses propres moyens. Il lui donna rendez-vous trois jours plus tard, à la gare de Rennes.

Son moral revint au beau fixe durant les trois jours suivants. En attendant le train venant de Paris, elle était excitée à la fois par l’ idée de rencontrer un ami de son père et par l’ espoir que lui suscitait cette venue.

Le signe distinctif qu’ elle avait choisi pour qu’ il puisse la reconnaître (un chapeau de paille et un gilet jaune fluo) fut efficace. Le vieil homme l’ avait reconnu au premier coup d’ ½il.

Après l’ avoir conduit vers un café-restaurant à proximité de la gare, ils déjeunèrent ensemble, échangeant à propos de ses parents (elle fut surprise d’ apprendre qu’ il était venu à leur enterrement, il lui expliqua qu’ il s’ était mis à l’ écart, trop bouleversée pour venir à sa rencontre), de leur vie respective, de la philosophie, de la politique et du projet de projection économique. Au moment où Valérie lui demanda s’ il comptait l’ aider à raccourcir le temps des prévisions, José hésita avant d’ éluder la question et de lui demander de faire une balade vers son université et son studio. Il souhaitait voir l’ environnement dans lequel elle vivait. Ravalant son agacement, elle accepta la proposition.

Elle lui montra le campus scientifique universitaire de Beaulieu, celui où elle étudiait. Ce campus était immense. La nature entourait les bâtiments administratifs et universitaires. Des arbres, des étendues d’ eau et du gazon fraîchement coupé décoraient les alentours. Outre les bâtiments administratifs et universitaires, il y avait une cafétéria, une salle de sports, des terrains de tennis, de football et de rubgy, une salle de spectacles, une bibliothèque et deux bâtiments médicaux.

José dû visiter en plusieurs fois le campus. Son âge avancé l’ obligea à faire des arrêts réguliers. Les bancs qui étaient parsemés dans le campus furent son salut. Valérie dû lui faire visiter le campus en deux jours. L’ informaticien visita également le studio de la jeune femme. Le petit logement de 33m² qu’ elle partageait avec une colocataire paraissait très clair. La luminosité filtré par les grandes fenêtres était décuplé par une séparation en revêtement de miroir côté pièce principale. De l’ autre côté de la séparation, une mezzanine formait une seconde chambre dans laquelle vivait la colocataire. Valérie dormait dans la pièce principale. Une cuisine et une salle bain avec WC incorporé achevaient l’ architecture du lieu d’ habitation.

Après son week-end rennais, José donna à la jeune femme sa décision quelques minutes avant de prendre le train du retour. Ce qu’ il avait appris d’ elle durant son séjour et après observation de son environnement, il estima qu’ il pouvait lui donner sa confiance. Il accepta finalement de modifier le logiciel.

L’ étudiante sauta à son cou, lui gratifiant de mille merci. Avant de pénétrer dans son wagon, il l’ a mit en garde envers son compagnon. Elle ne devait pas lui révéler le secret de la machine à projection. Bien que surprise, elle le lui promit.

Assis à son siège, côté fenêtre, il salua son guide. En la regardant, il songea à ce qu’ il avait pensé du jeune homme qui accompagnait sa vie. Bien qu’ il l’ avait trouvé fort sympathique, sa désinvolture ne lui permettait pas d’ avoir confiance en lui. Il espérait qu’ elle ne se laisserait pas manipulé par son amour.

Trois mois plus tard, José parvint à terminer son patch de mise à jour du logiciel.

Il l’ invita par mail à télécharger le fichier d’ installation sur son cloud via un lien inséré dans le corps du courriel. Le message était accompagné d’ une mise en garde.

« Si jamais quelqu’ un de malintentionné utilise ma machine pour s’ enrichir, je lui enverrais un virus informatique afin de détruire les deux logiciels. Je préfère voir l’ objet de ma cocréation avec ta famille détruite plutôt que de la voir détourner à des fins personnels. Cela vaut également pour toi si jamais un mauvais génie te suggérait de l’ utiliser à ces fins.

Je te souhaite une bonne journée.

À bientôt.

José »

Après avoir installé les mises à jour, elle testa les projections pendant une semaine. La prévision pouvait être réduite à une journée. La corrélation avec la réalité étant à chaque fois exacte, elle commença ses investissements boursiers.

Elle débuta en achetant deux actions de 10 euros d’ une entreprise du CAC40 spécialisée dans le secteur automobile et finit au bout d’ une année par se retrouver en possession d’ une centaine d’ actions d’ une entreprise du secteur de l’ énergie d’ une valeur de 25 euros tout en ayant vendu quelques dizaines d’ actions de temps à autre pour ses dépenses personnelles. Elle réussit ainsi à tirer profit des différents champs de la catégorie « CAC40 » et à financer une partie de ses études.

Au fil du temps, elle parvint à assimiler la programmation informatique et modifia quelques paramètres en réduisant davantage le terme des projections à quelques heures, puis à une heure.

Elle annonça fièrement ses prouesses à José qui retint ses réticences en la félicitant tout en la mettant en garde. Elle devait éviter de se laisser griser par l’ argent facile.

Les années d’ études passant, elle put s’ enrichir suffisamment pour financer entièrement ses dépenses. Elle maintint son portefeuille à une valeur totale de 10000 euros et vendit de temps en temps des actions suivant ses besoins. Pour maintenir la valeur de son portefeuille, elle déplaça le restant de ses investissements vers une ou deux valeurs mobilières qui allaient grimper dans les heures ou jours suivants.

Afin de préserver son secret, elle justifia sa plus grande aisance financière par la vente de la maison de campagne de ses parents (fait qui était véridique) et par le fruit de divers petits jobs trouvés dans différents endroits de la ville. Elle dut user de stratagèmes afin d’ éviter que ses amis ou son compagnon ne découvrent le pot aux roses comme payer les commerçants afin qu’ ils confirmassent qu’ elle faisait bien partie des employés mais qu’ elle ne travaillait pas ce jour-là ou encore faire semblant de travailler dans un des magasins le jour où elle sut qu’ elle aurait la visite d’ un(e) ami(e)s ou de son compagnon sur son lieu de travail.

Ce jeu de dupe lui déplaisait fortement, mais c’ était le prix à payer pour garder son secret et finir ses études.

Après avoir passer son master en BEE (Biodiversité-Ecologie-Environnement) spécialité MODE (Modélisation en Ecologie), elle se porta candidate au CNRS. Malheureusement, elle ne fut pas retenue au concours. Après plusieurs échecs auprès des laboratoires privés, elle se demanda si la machine de son père ne pouvait pas lui permettre de gagner sa vie, le temps de trouver l’ emploi de chercheuse qu’ elle espérait.

Les années passèrent. Le jeune étudiant qu’ elle avait rencontré devint son mari, puis le père de son enfant. Six ans après ses études, elle n’ avait pas trouvé de travail, mis à part quelques travaux saisonniers.

Devant le peu de perspectives d’ avenir professionnels et face à l’ insistance de José, elle finit par se résoudre à monter la start-up de son père. Mais avant cela, elle devait tout révéler à son mari. Cette action la soulagerait enfin d’ un poids qui lui donnait l’ impression de vivre dans le mensonge.

Le jour de l’ annonce, elle prépara la table pour un apéritif. Elle commença les préparatifs à 17h30, son mari rentrant habituellement à 18h30. Elle avait confié la garde de son fils, Tristan, à sa belle-s½ur. Elle tenait à ce qu’ ils ne soient que tous les deux afin de partager ce moment.

18h20, tout était prêt pour accueillir son bien-aimé.

18h30, elle craignait qu’ il ne prit mal le fait qu’ elle lui avait caché quelque chose et qu’ au final, il n’ eut l’ impression qu’ elle ne lui faisait pas confiance.

18h45, il était en retard, cela ne lui ressemblait pas.

19h30, elle lui laissa un message sur son répondeur pour la seconde fois.

21h00, sa belle-s½ur l’ avait appelé pour savoir si elle venait chercher son fils. Nerveuse, Valérie lui demanda si elle pouvait garder Tristan pour la nuit, elle viendrait le chercher le lendemain matin pour l’ amener à l’ école. Sa belle-s½ur avait senti qu’ il y avait un problème et accepta la proposition. De toute manière, cela ne lui déplaisait pas, elle aimait bien son neveu.

22h30, après avoir laissé une dizaine de messages sans réponse, une sourde appréhension l’ assaillait. Et s’ il avait eu un accident ? Elle se donna la limite de 23h00 avant d’ appeler les hôpitaux du coin. Peut-être avait-il eu une mauvaise nouvelle au boulot et qu’ il était parti se changer les idées chez Betty, le bistrot du quartier.

22h45, en préparant ses affaires pour le lendemain – il fallait bien s’ occuper l’ esprit – elle remarqua la disparition des chaussures de son époux. Une intuition la poussa à les rechercher, c’ est ainsi qu’ elle découvrit que le placard où était rangé les affaires de son compagnon était vide. Une terrible intuition l’ incita à chercher son mini-pc dans lequel était installé le logiciel-pisteur et le logiciel de projection économique. La machine était rangée dans un tiroir de son bureau. L’ ordinateur n’ y était plus.
Un vieux couple sauta en sursaut dans leur lit en entendant le cri strident et rageur d’ une femme. Lorsqu’ ils entendirent comme une sorte de bagarre dans laquelle quelqu’ un cassait et bousculait différents objets, la femme incita son mari à voir d’ où provenait ces bruits. Armé d’ un balai, l’ homme sortit de l’ appartement, suivit le son des hurlements et se plaça devant la porte d’ où ils provenaient. Il hésita à sonner à la porte. Il entendit des bruits de vaisselles se brisant, une femme qui insultait un homme, sûrement son mari, qui ne répondait pas à ses vociférations. Lorsqu’ il revint chez lui, il expliqua à sa femme qu’ il s’ agissait d’ un couple et qu’ ils étaient en train de « s’ expliquer » comme eux l’ avaient fait hier à propos de la télévision qui ne marchait pas.

Au bout d’ une demi-heure de défoulement, Valérie s’ effondra en larmes. L’ homme qu’ elle aimait l’ avait trahi.

Le lendemain, après une nuit blanche, elle reçut un appel de la directrice des Ressources Humaines de la Mairie de Paris. La direction s’ inquiétait de l’ absence injustifiée de son administrateur de réseaux. Par dépit, la jeune femme ne put réprimer un rire nerveux, laissant sa correspondante dans l’ incompréhension.

Lorsqu’ elle raccrocha, après avoir informé de la disparition de son mari à la DRH, elle imagina son plan. Lorsqu’ il était sorti la veille au matin, il n’ était pas allé à son travail. Il avait dû attendre qu’ elle parte à son tour pour revenir récupérer ses affaires et le mini-pc avant de partir pour elle ne savait quelle destination.

Depuis combien de temps avait-il trouvé la machine et échafaudé ce plan ? Il avait dû pensé qu’ elle lui mentait depuis de nombreuses années et qu’ elle ne lui faisait pas confiance. Peut-être s’ était-il senti trahi ? Avait-il eu le temps de voir ce qu’ il en retournait ? Si oui, elle se demandait à quels moments avait-il pu consulter toutes ces informations ? Il n’ avait pas pu l’ emporter avec lui au travail. Il n’ a pas pu non plus prendre le temps de découvrir les logiciels et les notes de son père lorsqu’ ils étaient ensemble. Ils étaient presque toujours ensemble en dehors de son travail. La seule solution pour lui aurait été de prendre des congés ou des heures de récupérations suites à des heures supplémentaires… elle se souvint soudain qu’ il avait multiplié les heures supplémentaires ces derniers mois et qu’ il avait pris moins de congé depuis un an. Elle avait été étonné jusqu’ à présent qu’ il n’ ait pas pu récupérer ses heures. A moins que…

Elle cria de nouveau de rage. Elle venait de comprendre qu’ il avait pris des heures de récupération et des jours de congés sans l’ avertir. Il avait profité de ces moments de tranquillité pour lire les données du mini-pc…

Créé par Schopen le 12/03/2016 | Evaluer ce scenario
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Sur la piste du voleur

José fut réveillé par la sonnerie stridente de son téléphone d’ appartement. Il pesta d’ avoir été dérangé durant sa sieste. Quelques secondes après avoir décroché, son visage se détendit. Il reconnut la voix de Valérie.

Après plusieurs semaines d’ hésitations et d’ espoir inutile, elle décida d’ appeler son vieil ami. Ce dernier écouta, effaré, le récit de sa correspondante. Après l’ avoir laissé évacuer ce qu’ elle avait sur le c½ur, il lui promit de retrouver la trace de son ordinateur et, par conséquent, du logiciel de projection.

Lorsqu’ il raccrocha, il réfléchit à la manière de procédé. Il se souvint avoir utilisé un cheval de troie pour installer un logiciel espion sur le mini-pc de la jeune femme. Ce logiciel avait insidieusement été installé en même temps que les mises à jour qu’ elle avait téléchargé pour réduire les projections à une journée, il y a neuf ans. Il craignait à l’ époque que la jeune femme n’ utilisât le logiciel pour s’ enrichir ou qu’ elle ne le prêtât à son compagnon ou que la machine ne fût dérobée suite à un cambriolage. Il ne pensait pas l’ utiliser suite au départ du mari, mais il était quelque part satisfait d’ avoir écouté sa paranoïa.

Cependant, il ne se sentait plus aussi vaillant. A bientôt 90 ans, il craignait de s’ endormir pendant ses recherches et de ne pas se souvenir du fonctionnement de son logiciel de piratage qui avait subi de nombreuses mises à jour ces dernières années. Il fit appel à une de ses nièces, Géraldine, webmaster professionnelle et hackeuse pendant son temps libre.

Au bout d’ à peine une heure et grâce au logiciel-espion installé par son oncle, elle parvint à retrouver la trace du logiciel, puis de l’ ordinateur avant de récupérer l’ adresse IP du serveur sur lequel il était connecté. Elle découvrit qu’ il utilisait le serveur d’ un hôtel situé sur l’ île des Bermudes, à Hamilton. En pénétrant dans le réseau de l’ hôtel et en décortiquant les différentes informations récoltées sur le registre d’ entrée et des caméras de surveillance, elle sut qu’ il avait réservé la chambre 12 sous le nom de Patrick Dupont. Elle transmit toutes ces informations à son oncle et attendit ses instructions.

José savait ce qu’ il devait faire, mais il souhaitait avant tout peser le pour et le contre et récolter davantage d’ informations.

Il commença par appeler Valérie sans lui révéler qu’ il venait de retrouver sa trace. Il se contenta d’ annoncer qu’ il avait fait appel à sa nièce pour tracer l’ ordinateur. Il lui demanda ce qu’ elle souhaitait faire une fois qu’ il aurait retrouvé la trace de son mari. L’ interlocutrice hésita à répondre. Une partie d’ elle voulut le voir en prison ou mort pour l’ avoir trahi. Mais une autre partie de son être l’ aimait toujours, prête à lui pardonner son écart de conduite, il s’ agissait de son mari et du père de son enfant. Mais comment pardonner à un homme qui avait abandonné son propre fils au profit de l’ argent et, qui sait, des femmes légères.

La femme trompée finit par annoncer à José qu’ elle souhaitait le voir revenir afin qu’ il assumât ses actes. Elle divorcerait et le dénoncerait à la police si jamais il avait utilisé le logiciel pour jouer en bourse ou fait quelqu’ autre acte illégal. Divorcé et emprisonné, tel était le destin que la jeune femme envisageait pour son mari.

Sa conversation terminée, il demanda à sa nièce de collecter le maximum d’ informations sur l’ époux de Valérie. Il devait savoir comment il avait utiliser le projecteur économique, s’ il s’ était enrichi, de quelle manière, etc.

Trois heures plus tard, il reçut toutes les données récoltées par sa nièce. Il découvrit ainsi que le mari avait utilisé le logiciel de projection au moins une fois par jour cette dernière semaine. Il apprit également qu’ il avait ouvert un compte dans une banque des Bermudes, toujours au nom de Dupont, qui était approvisionné de plusieurs milliers dollars et qu’ il avait un portefeuille d’ actions de plusieurs centaines de milliers de dollars. En retraçant l'historique de son compte, via les archives de la banque, il s'aperçut qu'il vendait deux fois par semaine une partie de ses actions afin de remplir son compte, qu'il l’ avait ouvert aux Bermudes quelques jours avant son arrivée avec 10000 dollars qu'il avait utilisé quelques minutes plus tard pour acheter des actions (cela prouvait qu'il avait planifié son départ et qu'il s'était servi de son compte-joint avec son épouse). Il retraça ensuite la fréquence d'utilisation du logiciel. Il remarqua un nombre important d'ouvertures et de fermetures du logiciel durant les trois mois avant le départ du mari, puis plus rien pendant deux jours (peut-être dû au temps du voyage) avant une fréquence moyenne de deux ouvertures du logiciel par jour, puis le rythme de croisière d'une fois par jour depuis deux semaines.

José s'arrêta dans sa lecture. Une idée venait de germer dans son esprit...

Quelqu'un frappa à la porte de la chambre d'hôtel. Le client ouvrit la porte et se retrouva nez-à-nez avec deux membres de la police britannique. Ces derniers lui demandèrent de les suivre au poste de police...

Le journal de la BBC ouvrit sur l'énième référendum britannique sur la sortie ou non du Royaume-Uni de l'Union Européenne, le second titre de l'actualité concernait les élections américaines et l'avancée du candidat Républicain dans les sondages d'opinion, le troisième titre concernait l'évacuation de la dernière partie de la jungle de Calais après des décennies d’ existence, le dernier titre concernait l'arrestation d'un ressortissant français aux îles des Bermudes.

Le téléspectateur ouvrit les yeux et se redressa de son canapé pour suivre les actualités…

Après les dernières images d’ un calaisien exprimant son soulagement de voir disparaître les barbelés et la valse des migrants arpentant les rues de la ville, l’ image revint vers les deux journalistes, un homme et une femme, qui animaient le journal télévisé.

- Quittons la France maintenant, commença la journaliste, avec une information qui nous vient des Bermudes.

- Hier soir, poursuivit l’ autre journaliste, un français, installé à Hamilton depuis 3 mois, a été arrêté par la police britannique.

- L’ homme, continua la journaliste, est soupçonné d’ avoir utilisé des informations obtenues auprès de certains cadres de deux multinationales, l’ une française, l’ autre américaine, afin d’ acheter des actions de ces deux sociétés juste avant l’ annonce du bilan des deux entreprises.

- Les bénéfices de cette spéculation seraient de l’ ordre de 50 000 dollars. Les explications avec Bryan Johnson.

Le globe de la BBC s’ incrusta dans l’ image, faisant disparaître les journalistes, avant de s’ effacer à son tour pour laisser la place au commissariat de police d’ Hamilton.

« Hier soir, commença la voix off, vers 21h00, heure locale, la police britannique d’ Hamilton a perquisitionné la chambre d’ hôtel d’ un homme se faisant appelé Patrick Dupont…  »

Les images montrèrent un homme, menotte aux poignets, accompagné de deux agents de police, quittant l’ entrée de l’ hôtel. Les girophares et les flashs des photographes sur place illuminèrent son visage par saccades.

« …  Selon nos informations, le client de l’ hôtel est un homme d’ affaires français, venu en vacances sur l’ île principale des Bermudes. Selon le directeur de l’ hôtel, il comptait rester demeurer sur l’ île durant plusieurs mois avant de repartir à son domicile, situé à New York.

Selon une source du dossier, le business-man français aurait acquis un nombre important d’ actions des sociétés LVMH et General Motors peu de temps avant l’ annonce des bilans des deux entreprises.  »

Le logo de LVMH au siège de Paris, puis celui de General Motors à Détroit apparurent successivement.

« Quelques heures après la publication de ces résultats, les valeurs des actions avaient augmenté de près de 10% pour LVMH et de 15% pour General Motors. Un belle opération pour M. Dupont qui n’ était pas dû au hasard. En effet, l’ homme aurait bénéficié d’ informations provenant des cadres des deux sociétés.  »

Les immeubles des deux sièges sociaux apparurent simultanément sur l’ écran, séparés par une ligne vertical.

Le reporter apparut soudain à l’ écran, micro-casque branché, se tenant devant le poste de police d’ Hamilton.

« Selon nos dernières informations, les enquêteurs ont reçu ces renseignements d’ une source anonyme. Le message de dénonciation, reçu par courriel, était accompagné de deux pièces jointes. Il s’ agissait de copies de messages envoyés par les cadres de General Motors et de LVMH donnant à Patrick Dupont les codes d’ accès aux serveurs des deux sociétés. Ces codes lui auraient permis de télécharger sans peine les résultats financiers et anticiper ainsi une hausse des cours d’ actions.

Les enquêteurs sont en ce moment même en train d’ interroger le suspect pour comprendre la manière dont il s’ est pris pour corrompre ces hauts responsables de multinationales. Une opération qui lui a permis de faire une plus-value… de 55 000 dollars.

Bryan Johnson pour BBC World.  »

Alors que les deux journalistes poursuivirent le déroulement du journal en développant les autres informations internationales, le téléspectateur émit un rire satisfait. Tout semblait se dérouler selon son plan.

José récupéra sur son smartphone les rapports de sa nièce. Cette dernière avait bien suivi ses instructions. L’ idée de José était de faire arrêter le mari de Valérie pour délit d’ initié, mais il se doutait que le fait d’ utiliser une intelligence artificielle pour analyser les informations publiques afin d’ anticiper les cours de la bourse ne pouvait constituer un tel délit car il n’ avait utilisé que des informations officielles. On considérerait cela comme une prise de risque malgré tout. Ce serait un peu comme employé un consultant ou un analyste financier pour prévoir les aléas du marché. D’ autant plus que l’ on découvrirait par-là même l’ existence de l'Intelligence Artificielle. Il fallait donc provoquer la chance.

Le vieil informaticien demanda à sa nièce de repérer les actions que le faux Patrick Dupont avait achetées et également vérifier sur le logiciel de projection les prochaines valeurs qui allaient grimper en flèche. C’ est ainsi que la hackeuse découvrit qu’ il avait investi dans deux entreprises, l’ une française et l’ autre américaine qui, selon le logiciel, allaient brusquement grimper le même jour. En piochant des informations dans les journaux économiques, elle comprit que cela corrélait avec la publication prochaine des bilans des deux entreprises.

Suivant les recommandations de son oncle, après lui avoir transmis ces informations, elle pirata le réseau des deux sociétés, ouvrit la messagerie de deux cadres afin d’ envoyer un message au voleur de logiciel donnant les codes d’ accès permettant de télécharger les bilans, suivi de quelques mots compromettant réclamant « comme promis » les « cadeaux » qui étaient convenus. Ensuite, elle se déconnecta et se reconnecta quelques minutes plus tard en utilisant les noms d’ utilisateur et mots de passe officiels, accéda aux données, les téléchargea vers un serveur crypté avant de les transférer vers l’ ordinateur du mari. Il ne restait plus ensuite qu'à envoyer un courriel le lendemain de l’ annonce des bilans aux autorités d’ Hamilton pour lancer une enquête.

Durant les jours suivants, les autorités américaines et françaises demandèrent à ce que l'escroc soit jugé sous leurs autorités judiciaires. Après d'âpres négociations avec la justice britannique, il fut finalement décidé qu'il serait remis aux autorités françaises étant donné la nationalité du prévenu. Le seul regret des enquêteurs était de ne pas avoir réussi à faire avouer leur homme, ni même avoir pu interroger les cadres incriminés des deux sociétés. Cadres qui ne faisaient plus parti du personnel suite au scandale.

Les données et logiciels qu'ils trouvèrent les laissèrent perplexes. Ils en conclurent qu'il avait acheté des logiciels pour prévoir les évolutions des cours de la Bourse voir de l'Economie. Les policiers n'approfondirent pas leurs investigations, permettant ainsi au secret de Valérie et de José de rester intacte. L'ordinateur fut même remis à la propriétaire une fois l'enquête française terminée.

Lorsque José appris la nouvelle à Valérie, cette dernière fut satisfaite qu'il payât pour ses crimes et qu'il revînt en France. Elle pourrait régler ses comptes avec lui en personne.

Quelques jours après son extradition, elle lui rendit visite au parloir de la maison d'arrêt. La satisfaction que le mari affichait, heureux de revoir sa promise, disparut rapidement lorsqu'elle lui lança un flot d'insultes et de reproches. Lorsque, en réponse, il lui fit remarquer qu'elle lui avait caché l'existence de la machine et qu'elle lui avait menti durant toutes ces années sur l'origine de ses fonds, elle lui rétorqua sèchement qu'elle s'apprêtait à lui révéler la vérité le jour de son départ. Elle termina la conversation en annonçant qu'elle lancerait une procédure de divorce et qu'il ne reverrait jamais son fils qu'il avait lâchement abandonné. En sortant du bâtiment pénitentiaire, elle était à la fois satisfaite et étonnée d'avoir eu le courage de l'affronter.

Quelques mois plus tard, il fut condamné à 5 ans de prisons et 75 000 euros d'amendes pour délit d'initié, fraude fiscal et usurpation d'identité. L'Etat-civil qui était affiché sur ses papiers d'identité correspondait à celui d'une personne décédée un an auparavant…

Créé par Schopen le 19/03/2016 | Evaluer ce scenario
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L'oracle économique

Trente ans avaient passé depuis le retour de son ex-mari. Elle observait, distraitement, les photos de famille sur sa tablette holographique.

Quelques semaines après avoir quitté la maison d'arrêt, elle avait passé le nouvel an avec son fils et José. Ce dernier était devenu un membre à part entière de sa "famille".

Cinq ans plus tard, la société « Oracle MAQV & J » (initiales des prénoms de son arrière grand-tante, de son grand-père, de son père, d'elle-même et de l'informaticien) devint l'institut incontournable pour les projections économiques. La start-up n'était pas prise au sérieuse par les pouvoirs publics qui préféraient consulter les instituts statistiques et économiques classiques. A l'époque, les principaux clients de la start-up étaient des entreprises de tout secteur d’ activité ainsi que quelques gros porteurs en bourse. Mais la donne allait changer lorsque, profitant d'une prévision de krach boursier qui allait se dérouler deux ans plus tard, elle créa un groupe d'influence par le biais de conseillers des cabinets ministériels de l'économie et des finances publiques ainsi que par ceux du Premier Ministre et du Président de la République. Ainsi, elle pensait faire connaître son entreprise du gouvernement français sans prendre le risque d'engendrer une prophétie autoréalisatrice en lançant une alerte médiatique.

Durant les deux ans avant la crise financière, elle tenta de pousser les pouvoirs publics à prendre des mesures anticipant la forte chute des marchés à venir. Pendant ce temps-là, et afin de limiter la précipitation du krach, elle conseilla à ses clients boursicoteurs de ne vendre leurs actions que le jour j, quelques minutes avant la prévision de la chute des cours. Quant aux entreprises-clientes, elles purent anticiper la baisse de leurs recettes financières et des ventes qui allaient en suivre en limitant leurs investissements et en augmentant leur épargne.

Quelques mois après la castastrophe financière, Valérie fut invitée à Bercy par le ministre de l'Economie. Ce dernier était intrigué par l'exactitude des prévisions de la start-up. Elle refusa de lui révéler le secret des projections économiques, mais formula le souhait de travailler avec les pouvoirs publics. Le ministre lui promit d'y réfléchir. Cinq mois plus tard, les élections présidentielles, puis législatives, donnèrent le pouvoir à l'opposition. L'équipe de Valérie dut reprendre le travail de lobbying auprès des nouveaux conseillers. Trois ans plus tard, le chef de cabinet du ministre des Finances publiques la reçut, lui promettant de la recontacter avant que le nouveau ministre, nommé après un remaniement, ne la rencontrât à son tour pour, finalement, signer une convention entre Oracle MAQV & J et le Ministère des Finances un an plus tard. Fort heureusement, l'alternance politique qui eut lieu après les élections ne remit pas en cause cette convention étant donné que certains contacts, qui étaient conseillers lors de la dernière législature, étaient devenus chefs de cabinets des ministères des finances et de l'économie et que le Premier Ministre était le ministre de l’ Economie qui l'avait reçu 6 ans auparavant.

Petit à petit,  « l'Oracle », comme on l'appelait à Bercy, devint incontournable et obtint même l'exclusivité auprès de l'Etat français. Seules quelques collectivités territoriales purent faire appel à leur service.

L'utilité publique de la désormais institut de référence fut démontrée lors d'une crise majeure qui avait été prévue par l'Oracle. Peu de temps après l'annonce de la dépression économique par l’ institut, et alors que la croissance, qui était à son paroxysme, semblait inébranlable, les pouvoirs publics firent des économies budgétaires. Peu de temps avant l’ arrivée de la crise, ils lancèrent un vaste programme de relance économique en augmentant les dépenses sociales et d’ investissements et en allégeant la fiscalité des entreprises. Lors de l’ arrivée de la crise, la France fut l’ un des seuls pays à connaître une dépression économique limitée, voir inexistante, grâce aux effets dynamiques de la politique budgétaire.

Ainsi, lors de la fin du cycle de crise, la France fut reconnu comme le pays ayant le mieux géré la grande crise économique qui avait touchée la planète. Avec un endettement redevenu proche de son niveau d’ avant-crise, une croissance économique assez forte (dont la moyenne se situait aux alentours de 2% durant la crise) et une augmentation de chômage limitée redevenue à son niveau d’ avant-crise (à 0, 2% près), l’ Hexagone était le meilleur élève de l’ UE devant l’ Allemagne.

Par cette réussite, Valérie fut décorée de la légion d’ honneur par le Président de la République. Elle reçut par la suite diverses propositions par des institutions économiques telles le FMI, puis politiques afin de devenir députée ou ministre. Elle déclina toutes les offres, souhaitant simplement poursuivre le rêve de ses aïeuls.

Il y a quelques mois cependant, elle accepta d’ évoluer dans sa carrière et accepta un poste qu’ elle jugea prestigieux. Ce poste lui semblait cohérent avec son parcours et lui permettrait de prodiguer ses conseils au niveau européen.

Alors que Valérie lisait un article sur les avancées de la terraformation sur Mars – son intérêt pour la biologie environnementale ne l’ avait pas quitté malgré son succès dans le monde économico-social – elle reçut un appel sur sa montre connectée. Elle frôla son poignet avant qu’ un smartphone n’ apparût holographiquement le long de sa main qu’ elle porta, finalement, à son oreille.

C’ était son assistante.

- Toute est prêt pour la conférence de ce soir, annonça-t-elle. Il ne manque plus que vous.
- Dites aux autres intervenants que j’ arrive dans dix minutes, demanda Valérie.
- Très bien, Madame la Présidente.

Après avoir raccrochée, Valérie termina la lecture de son article. Elle ressentit par la suite le besoin de revoir des photos de son enfance. Des clichés de la maison où avait vécu ses grands-parents et son père défilèrent à l’ écran. Elle se souvenait de ces lieux lors des vacances d’ hiver et d’ été. La demeure faisait partie de son héritage lorsqu’ elle avait perdu ses parents. Elle avait été obligée de la vendre pour financer ses études avant de trouver les fonds nécessaires grâce à l’ invention de José. Elle eut récemment le bonheur de l’ avoir rachetée.

Elle rechercha ensuite les photographies de son vieil ami. Ce dernier avait juste eu le temps de voir la société tant désirée par son père voir le jour avant de succomber à un cancer foudroyant. Il avait refusé d’ être son associé, se jugeant trop vieux pour diriger une entreprise. Depuis le début où son grand-père lui avait fait part de son projet, il avait toujours vu l’ intérêt général avant le sien. Le fait de contribuer à l’ amélioration de la société par ses compétences techniques suffisait à son bonheur.

Après avoir séchée ses larmes en repensant au grand humaniste que le monde avait perdu, elle ferma son application, laissant apparaître le logo de l’ Observatoire Français des Conjonctures Economiques.

Elle devait animée une conférence sur les applications possibles et les intérêts économiques de la transformation de l’ environnement naturel de la planète Mars sur Terre. Elle ne manquerait ce rendez-vous pour rien au monde.

Créé par Schopen le 24/03/2016 | Evaluer ce scenario
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