Scénarios arborescents
Arborescence du scénario 11917

La révélation

- Attendez une seconde… Pourquoi tenez-vous tant à me donner la vidéo sans les lunettes ?

L’ homme lâcha un soupir et rétracta sa main sans répondre.

- Vous vouliez que je regarde la vidéo une fois retourné chez moi, dit l’ archéologue. Et plus je la regarderais, plus je serais envoûté par son message et ses émotions et moins j’ aurais les idées claires pour révéler mes découvertes. C’ est ce que vous vouliez ?

L’ homme l’ observa un moment, avant de répondre.

- Avouez tout de même que c’ est une meilleure idée que d’ être obligé de vous supprimer.

Jules resta interdit durant quelques secondes. Pour la deuxième fois, il l'avait indirectement menacé de mort. Mais il savait qu’ il était plus coopératif qu’ il semblait le laisser entendre, il tenta de nouveau sa chance.

- Encore une fois, pourquoi ne voulez-vous pas que j’ emporte cet appareil ?

L’ homme redevint muet. Le jeune homme usa de la même stratégie et restait planté devant lui, silencieux. La scène dura de longues minutes avant que la glace ne se brisa enfin.

- Vous voulez vraiment le savoir ?
- Oui, répondit brièvement Jules.
- Réfléchissez bien, car la réponse à cette question est dangereuse et pourrait vous coûter la vie. Jusqu’ à présent, j’ ai fait de nombreuses entorses au règlement, mais je ne pourrais pas lever ce dernier voile sans que vous n’ en payer les conséquences.

Le jeune scientifique fut saisi d’ effroi. Le regard de son vis-à-vis avait changé. D’ humain, il était redevenu froid, inexpressif comme au début de leur rencontre. C’ était un mauvais présage. Mais son entretien avec lui l’ avait convaincu que sous le masque se cachait un être humain.

- Je ne crois pas que vous voulez me tuer. Sinon, vous l’ aurait fait juste après m’ avoir donné les premières informations sur l’ origine de l’ artefact. Avant de faire quoique ce soit, je voudrais savoir pourquoi cette vidéo serait plus dangereuse avec les lunettes que sur un autre support ?

Aucune réponse.

L’ archéologue posa ses yeux sur les lunettes. Intrigué, il les retourna dans tous les sens et marmonna, comme à lui-même:

- Il doit y avoir un dispositif quelconque dans cet appareil qui doit lancer un missile nucléaire...

Aucune réaction de son vis-à-vis. Jules poursuivit sa provocation.

-... à moins qu'il y ait quelque chose à l'intérieur... Et si je le cassais pour voir ? Peut-être que je trouverais une clé qui ouvrirait un tableau de commande permettant d'activer des robots tueurs ?

Jules prit l'objet d'une main et s'apprêtait à le lancer à terre.

- Très bien, lâcha l'inconnu. Vous l'aurez voulu.

Satisfait, l'archéologue arrêta son mouvement et l'écouta attentivement.

- Les lunettes 3D que vous tenez entre vos mains contiennent non seulement la vidéo, mais également le logiciel et l’ application permettant de générer et lire un rêve addictif.

Cette dernière révélation permit à Jules de saisir l'importance de ce qu'il tenait entre les mains. Non seulement il s'agissait d'un symbole, mais également d'une arme à double tranchant, pouvant transformer la société humaine pour le meilleur... comme pour le pire. Il comprit enfin pourquoi l'appareil était stocké dans un bunker antiatomique et pourquoi l'homme en face de lui l'avait mis en garde. Il ne pouvait assurément pas le ramener auprès de ses pairs...

Le gardien profita du moment d'inattention de son vis-à-vis pour lui décocher une droite, ce qui eut comme effet de retourner l'agressé et de le projeter au sol. Profitant de sa position, l'assaillant immobilisa sa victime au sol et fit un mouvement d'étranglement.

- Attendez... 'tendez, je ne dirais rien... 'vous jure... rien... ah...

Le curieux perdit peu à peu connaissance. Lorsqu'il ne bougea plus, le gardien du sarcophage le reposa et vérifia qu'il ne respirait plus. Ceci fait, il vérifia l'état des lunettes. Ces dernières n'avaient heureusement subies aucun dommage durant la lutte. Il la reposa sur la main mécanique qui se recroquevilla. Le bras recula jusqu'à l'intérieur du téléviseur avant la fermeture de la fenêtre. L'homme revint vers le corps inerte et le transporta jusqu'à une autre pièce.

Il n'appréciait guère cette besogne. Il avait pourtant tout fait pour l'épargner, mais la curiosité fut plus forte et finit par causer sa perte.

En posant la dépouille sur une table, il songea aux effets du conditionnement à l'âge adulte et à l'efficacité future de l'absence de conditionnement. L'archéologue était parvenu à garder sa réflexion intacte alors qu'il venait de voir la vidéo qui avait forgé inconsciemment son état d'esprit écologique. Il avait cependant noté qu'il était quelque peu perturbé durant quelques minutes. Peut-être qu'un autre visionnage aurait accentué son trouble, déclenchant probablement un reconditionnement durable, ce qui aurait confirmé l'efficacité du revisionnage à l'âge adulte.

Un regret s'imposa soudain à lui. S'il l'avait persuadé de relire la vidéo, peut-être qu'il n'aurait pas eu besoin de l'éliminer. D'un autre côté, l'archéologue aurait compris son manège et aurait refusé. Et puis, il y avait trop de risques en jeu. Il ne pouvait pas simplement se fier à sa parole et il n'était pas vraiment sûr que le reconditionnement aurait fonctionné sur le jeune homme à cause de sa résistance psychique apparente et de sa curiosité névrotique.

Il s'empara de son oreillette, l'installa dans son conduit auditif et appuya dessus. Un écran holographique apparut devant l'ensemble de son champ de vision. Il pensa appeler son responsable. Il fit son rapport et attendit les instructions. Une fois celles-ci données, il coupa la connexion et s'affaira à sa nouvelle tâche. Il devait enterrer le corps.

En sortant du sarcophage, le gardien pensa aux générations futures. Bientôt, plus aucun Homme ne serait conditionné. L'éducation scolaire suffirait à rappeler aux futurs adultes les idéaux de la social-écologie. Puis, un jour, sans qu'on ne s'en rendit compte, les Hommes redeviendraient égoïstes et le groupuscule dont il faisait partie serait obligé d'utiliser à nouveau "le rêve du sauveur" pour reconditionner les individus. Peut-être était-ce cela l'histoire de l'Humanité: un cycle sans fin.

Créé par Schopen le 21/11/2015 | Evaluer ce scenario
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Lâcher-prise (alternative)

- Attendez une seconde… Pourquoi tenez-vous tant à me donner la vidéo sans les lunettes ?

L’ homme lâcha un soupir et rétracta sa main sans répondre.

- Vous vouliez que je regarde la vidéo une fois retourné chez moi, dit l’ archéologue. Et plus je la regarderais, plus je serais envoûté par son message et ses émotions et moins j’ aurais les idées claires pour révéler mes découvertes. C’ est ce que vous vouliez ?

L’ homme l’ observa un moment, avant de répondre.

- Avouez tout de même que c’ est une meilleure idée que d’ être obligé de vous supprimer.

Jules resta interdit durant quelques secondes. Pour la deuxième fois, il l'avait indirectement menacé de mort. Mais il savait qu’ il était plus coopératif qu’ il semblait le laisser entendre, il tenta de nouveau sa chance.

- Encore une fois, pourquoi ne voulez-vous pas que j’ emporte ces lunettes ?

L’ homme redevint muet. Jules usa de la même stratégie et restait planté devant lui, silencieux. La scène dura de longues minutes avant que la glace ne se brisa enfin.

- Vous voulez vraiment le savoir ?
- Oui, répondit brièvement Jules.
- Réfléchissez bien, car la réponse à cette question est dangereuse et pourrait vous coûter la vie. Jusqu’ à présent, j’ ai fait de nombreuses entorses au règlement, mais je ne pourrais pas lever ce dernier voile sans que vous n’ en payer les conséquences.

Jules fut saisi d’ effroi. Le regard de son vis-à-vis avant changé. D’ humain, il était redevenu froid, inexpressif comme au début de leur rencontre. C’ était un mauvais présage... Bien que son entretien avec lui l’ avait convaincu que sous le masque se cachait un être humain, un mauvais pressentiment l’ engagea à trouver une autre solution pour gagner sa confiance.

- Ecoutez, commença-t-il, j’ ai l’ intime conviction que vous n’ êtes pas un tueur.

L’ homme resta impassible.

- Cependant, ce que j’ entrevois dans votre regard me laisse penser que ce que vous venez de dire n’ est pas à prendre à la légère. C’ est pourquoi, j’ accepte le compromis et vous remets les lunettes afin qu’ en retour vous me laissiez une copie de la vidéo.

Son vis-à-vis semblait réfléchir.

- Notre accord tient-il toujours ? demanda Jules.
- Parfaitement.

L’ archéologue opina de la tête et tendit l’ objet du délit. Alors que l’ inconnu effleura les lunettes, Jules rétracta légèrement son bras.

- J’ aurais une dernière requête à vous adresser.
- Laquelle ?
- Pouvez-vous me promettre de ne pas vous débarrasser de moi après cet échange ?

Le gardien le fixa un moment avant de répondre.

- Vous avez ma parole.

Satisfait, le possesseur des lunettes remit l’ objet à son protecteur.

- Attendez-moi ici, demanda l’ inconnu.

L’ homme partit dans une autre pièce, située à quelques dizaine de mètres. Il prit soin de refermer la porte derrière lui. Un sentiment de soulagement, de déception et de peur s’ invitèrent successivement chez l’ archéologue. Il était soulagé d’ avoir la vie sauve, mais regrettait de n’ avoir pas réussi à le convaincre de garder l’ objet. Désormais, une sourde appréhension le tenaillait. Il guettait l’ ouverture de la porte avec appréhension. Et si, au lieu de revenir avec une clef, le gardien du sarcophage sortait une arme, le mettait en joue avant de faire ce qu’ il semblait vouloir accomplir depuis le début: faire taire un témoin gênant.

Les minutes s’ égrenaient lentement avant que la maudite porte ne s’ ouvrit enfin. Le gardien ne semblait pas armé. Arrivé à sa hauteur, il lui tendit la main.

- Voici votre preuve.

Soulagé, Jules saisit la clef.

- Merci d’ avoir tenu parole.

L’ autre afficha un sourire en coin, semblant signifier « c’ est bien normal ».

- Avant de partir, j’ aimerais comprendre en quoi ces lunettes sont si dangereuses pour l’ Humanité. Il est clair qu’ il n’ y a pas de systèmes d’ armement cachés à l’ intérieur. A moins qu’ elles ne servent de télécommande ou de clef permettant d’ activer un dispositif militaire quelconque, je ne vois pas en quoi elles sont une menace.

Son vis-à-vis sembla réfléchir quelques secondes avant de sortir les sacro-saintes lunettes de sa poche droite. Il les installa à son nez, semblait faire quelques réglages par la pensée avant de les retirer.

- Si vous voulez connaître son dernier secret, mettez-les et regardez une dernière fois la vidéo.
- Il y a un message caché ? demanda Jules après avoir saisi l’ appareil, soupçonneux.
- Disons que je vous révélerais tout après votre visionnage.

Cela respirait le piège à plein nez. Il se souvenait des effets hypnotiques sur son esprit après l’ avoir vu la première fois. Après réflexions, il se rappela que toutes les informations que l’ homme lui avait révélé était resté dans sa mémoire bien après avoir regardé la vidéo. Comprenant qu’ il n’ avait pas d’ autres choix, il obtempéra

L’ interface graphique semblait différente. Il vit une fenêtre lui demandant de confirmer s’ il voulait lire la vidéo. Il pensa par l’ affirmative.

Le décor majestueux revint à lui. Durant la lecture, il ressentit quelque chose de différent, un sentiment bien plus puissant que la dernière fois. L’ euphorie, puis l’ allégresse l’ envahirent peu à peu. Alors que sa joie était à son paroxysme, la vidéo se termina. Il resta un moment, encore habité par les images. C’ était à peine s’ il avait remarqué que l’ inconnu lui retirait l’ appareil pour le ranger dans sa poche.

Alors que le gardien l’ observait, curieux de voir sa victime perdue dans le néant, Jules lui demanda s’ il pouvait revoir le film, ne serait-ce qu’ une fois. L’ autre eut un sourire en coin.

- Vous pouvez la revoir sur la clef que je vous ai remise toute à l’ heure.

Se rappelant soudain que son bonheur était entre ses mains, il s’ empressa de sortir son mini-pc et de le connecter à la clef. Le clip vidéo, qu’ il vit via son écran holographique, était d’ une bonne qualité.

Une fois cette nouvelle lecture achevée, il ressentit un certain bien-être. L’ euphorie n’ était pas aussi grande que la dernière fois, mais fut suffisante pour qu’ il retrouva sa sérénité.

- Maintenant que vous êtes prêt, je vais vous révéler pourquoi ces lunettes connectées sont si dangereuses.

L’ archéologue fit à peine attention aux propos de l’ inconnu. Il tenta cependant de se concentrer un peu plus sur ses propos…

Créé par Schopen le 24/11/2015 | Evaluer ce scenario
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Les démons intérieurs

L'homme lui révéla que l’ appareil contenait non seulement la vidéo de l’ homme en bord de mer, à l’ origine de leur civilisation, mais contenait également le logiciel et l’ application pour générer des rêves addictifs.

- La vidéo que vous venez de voir sur les lunettes était en mode « rêve addictif ». Je vous ai donc inoculé l’ addiction à cette vidéo via l’ application comme l’ ont fait nos aïeux, il y a 3 siècles de cela. Et j'y ai rajouté un petit plus. Le rayonnement a pénétré non seulement votre Inconscient mais également la zone du plaisir afin de rendre le rêve encore plus addictif.

Jules ne réagit pas à cette double révélation, sa seule envie fut de retrouver l’ homme en bord de mer. Il activa de nouveaux les images et y replongea, les yeux fixés sur l’ écran.

La lecture achevée, il chercha le gardien. Ce dernier avait disparu. Le jeune homme fut satisfait. Il lui faisait perdre son temps avec ses phrases longues, ennuyeuses et inintéressantes. Il lui semblait, cependant, l’ avoir entendu dire quelques chose comme « vous connaissez la sortie ». La constatation de l’ absence de l’ inconnu effective, il en profita pour regarder une nouvelle fois le film.

Le temps se dilua et s’ écoula sans qu’ il n’ en prenne conscience. Après avoir vu pour le énième fois le rêve de l’ homme en bord de mer, il ressentit de la fatigue. Peu de temps après, la faim le tenaillait. En fouillant dans son sac, il s’ aperçut qu’ il n’ avait plus de vivres. Ni eau, ni nourriture. Il ne sut combien de temps il était resté ainsi, et il n’ en avait cure, du moment qu’ il pouvait lire et relire sa précieuse vidéo.

Par précaution, il jeta un regard sur le niveau de la batterie, celle-ci pouvait encore tenir un bon mois sans être rechargée par l’ énergie solaire. Cependant, il savait que, comme tout être vivant, il avait besoin de se nourrir pour survivre tout comme il avait besoin de dormir.

Alors qu’ il visionnait pour la dernière fois la vidéo, il s’ endormit dans un sommeil peuplé de dunes bleues et de mouettes étranges.

Soudain, un homme s’ approcha de lui et lui tendit une vieille clef usb du 21ème siècle. « Prenez ces lunettes.  », lui dit-il. Alors qu’ il les tenait entre ses mains, l’ homme se transforma en serpent. Sa taille avait atteint deux fois la sienne. Au moment où il ouvrait sa gueule, la clef devint une épée laser dont la lame rougeoyante éclaira le reptile qui reculait, effrayé à sa vue. Jules planta l’ épée dans le corps du serpent. Une main lui saisit le bras. « N’ oublies pas l’ homme en bord de mer », lui dit une voix. Il tourna son regard vers le propriétaire de la main. Il ne reconnut pas le visage, mais cette personne semblait auréolée d’ une lumière bleue. Alors que l’ entité bienfaisante disparaissait dans le halo bleuté, le décor changea. Il vit l’ immensité de la mer devant lui. Il était retourné malgré lui dans sa vidéo préférée. Peu de temps après avoir entendu les goëlands, quelque chose jaillit de l’ eau de mer. Il s’ agissait d’ une gigantesque tête de mort surmontée de deux os en croix qui tournoyaient autour d’ elle. L’ effrayant squelette se ruait vers lui.

Il se réveilla en sueur. Des bribes de son rêve revenaient en mémoire avant de disparaître peu à peu. Il grelottait. Il ne sut s’ il s’ agissait du manque de nourriture ou de visionnage de la vidéo. Il comprit cependant qu’ il ne pourrait pas regarder longtemps cette vidéo s’ il mourrait de faim.

Il ramassa péniblement ses affaires, regarda deux-trois fois la vidéo pour se calmer avant de remonter l’ escalier en collimaçon. Plus il rentrerait vite chez lui, plus il écourterait le temps passé sans visionner la vidéo.

Créé par Schopen le 25/11/2015 | Evaluer ce scenario
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